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Manière de se tenir au courant des groupes français qui cartonnent sur les ondes, il nous arrive parfois d’écouter attentivement certains programmes musicaux issus de radios pop-rock généralistes. Pour mieux déchanter et se forcer à ne pas injurier le poste : entre la chanson française qui ne dit rien mais prétend l’inverse, le rock rétrograde ou passéiste, les pompages opportunistes de Noir Désir ou d’Etienne Daho, l’électro-pop archi consommée et déjà usée, il est très rare qu’une sensation de justice nous saisisse lorsque défile le morne rassemblement des groupes « vendeurs ». Certes, inutile d’espérer entendre des formations telles que, au hasard, Archet, Imagho ou Brou de Noix (pour ne citer que nos derniers coups de cœurs frenchy), mais tout de même : recevant chaque semaine une bonne vingtaine de propositions musicales, le chroniqueur web sait bien que les radios « agrégées » ne sont guère représentatives du fourmillement français.

A trop tirer la gueule, nous oublions néanmoins qu’il existe des exceptions (heureusement, d’ailleurs). Kaolin en est une. Non pas que la bande à Guillaume Cantillon propose la plus décisive des musiques qui soit, mais impossible de nier que le quintet poursuit un chemin loin de tout opportunisme, à sa façon, simple et modeste, sobre et artisanal. Pour preuve : là où beaucoup aurait surfé sur un tube surprise (le plutôt agréable « Partons Vite » dans le cas de Kaolin) jusqu’à vouloir naïvement reconduire une recette qui n’existe pas, les auvergnats ont préféré le dépouillement à la surdose d’effets, le déceptif à l’abus de testostérone.

Difficile pourtant de vraiment s’enthousiasmer pour ce cinquième album. Trop souvent, « Un Souffle sur la roche » s’approche dangereusement d’une certaine conception de la variété (pas la pire, pas la meilleure non plus) : voix hauts perchées, refrains un peu gros, paroles lorgnant vers un souci poétique qui donne trop de joliesses à certains titres. Depuis ses débuts en 2002, Kaolin a toujours été un groupe sachant conjuguer l’utopie de l’éternelle adolescence à l’aspect folk-rock de formations « adultes » (et essentiellement américaines – pas un hasard si Dave Fridmann produisit « De Retour dans nos Criques »). Ici, l’innocence prend un peu trop le pas sur l’âge adulte : les mots de Guillaume Cantillon explorent des zones romantiques assez neutres (ni colère ni bonheur ne semblent gouverner le travail d’écriture comme de chant) ; l’accompagnement sonore est certes efficace, et sans doute bien plus que la majorité des groupes de rock français squattant les ondes, mais cette musique manque de fièvre, de tension, de nécessité.

Oui, voilà peut-être ce qui nous dérange dans « Un Souffle sur la roche » : cet album ne semble répondre à aucun besoin sinon celui d’enregistrer de nouvelles compositions. Le souffle de Kaolin passe, plait sans émouvoir, et frustre beaucoup. Il y aurait ici matière à des chansons abrasives et tendues (façon Tue-Loup première période). Mais par pudeur ou bien par manque d’ambition, Kaolin n’arrive guère à atteindre ce palier où les frères Cantillon pourraient écrire des chansons « qui nous ressemblent ». Attendons le prochain disque…




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