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L’hirondelle de Paris, cette hirondelle tatouée sur les peaux de matelots, frêle bête volage, nerveuse, l’hirondelle de Paris dont j’essayé de suivre le vol depuis ma rue banale, question de savoir si il pleuvrait un jour, ou surtout, si un jour j’aurai du soleil par ici, mon hirondelle charmeuse des théâtres, des bars et des pellicules, aussi proche d’Icare que d’iguane, l’hirondelle de la capitale a fait son nid au chaud d’un moteur de Harley. Depuis elle pousse sa goualante parisienne sur les aciers froids comme désamours et rancunes pour d’inutiles idiots et les chromes qui donnent lumières aux murs et fardent les histoires banales de légendes épiques, les sexes fous en amours sages.

Il y a de la poésie d’immeubles adosses a d’autres immeubles, a d’autres, a d’autres, immeubles bourgeois, façades d’usines, vieilles ruines de torchis, cité dortoir, il y a la poésie de jours sans dans le sifflement griffé de cet oiseau aussi fragile que cogneur, qui a pour seul venin des mots comme serres (garde fou), capable de s’élever sur les courants chauds de guitares dont le blues affile les lames depuis des temps immémoriaux (le chat, rock classique), quand peu importe, si chaque instrument pour des polkas, pour des pogos, la suivra jusqu’au bout de ses ailes, il n’y a pas d’hirondelle sans ciels, et puis, le ciel c’est infini, l’hirondelle, sans infinis, c’est rien, les limites, ça tue le rock, et l’hirondelle est rock (intemperance), vraiment, aucun faux vintage, l’hirondelle est de perfecto noir où les clous écrivent Paname dans le dos (Paris sous la neige- ça me trafique l’âme).

Et puis l’hirondelle, Piaf aux accents d’Edith, se laisse caresser le plumage par l’autre Edith, celle des sensibles musées sonores, des beaux parcs, des jardins somptueux (Jour blanc a cette élégance), et se laisse lécher par le reptile eternel, le rachitique puissant (private parts) dans des vices de catacombes, de Père Lachaise. Se posant au repos peu de temps sur les toits comme on pose un regard fatigué pour imaginer son futur destin (Belleville Ballade), pour mieux reprendre sa guerre et mettre des épitaphes sur nos ruelles humides d’un Paris qui ne change jamais de peau, mais qui bouge, bouillonne dans sa chair. Je savais la force et la grandeur de l’oiseau, mais voila que l’hirondelle a l’étoffe d’un aigle impérial, et Paris se rend enfin, et Paris alors, n’est plus assez pour Demi Mondaine, pas assez d’enjeu pour sa voix, l’hirondelle Bea et ses acolytes sont des eternels pas assez, pas assez de force, pas assez d’alcool, pas assez d’amour, pas assez de sons, pas assez de maux, jamais assez de mots, et puis pas assez de ciel, pas assez de vols, envie de plus de rues, plus d’histoires, surtout, surtout, sur scènes, des plus encore, et encore, et encore.




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