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Mine de rien ça fait longtemps que je n’ai pas découvert un nouveau groupe de Stoner. Pourquoi ? Trop resté sur mes acquis c’est sûr. Six Months Of Sun ??? Foi de lorrain, c’est bien plus qu’on en voit en deux ans par ici !!!

Je ne vais pas vous refaire un historique, mais le stoner est un sous-genre qui a ses controverses. C’est un peu le blues du metal, une musique cyclique qui revient par vagues successives. A ceux qui trouvent que rien ne ressemble plus à un groupe de stoner qu’un autre (si l’on tricard les inévitables pro du plagiat bien sûr), je répondrais la même chose que pour le blues : tout n’est que feeling. La différence c’est la façon de le ressentir et de vous l’envoyer à la gueule. Oui ça tourne souvent en penta, oui ça prend dans Black Sabbath et d’autres, King Crimson...Mais le stoner EST un hommage !!! Une perpétuation.

Tu comprends l’esprit ? Ok maintenant le son !!! Le son est un instrument à part entière dans le genre. Pourquoi je te dis tout ça ? Et bien parce que Six Months Of Sun a tout compris !

Finalement parmi les rares disques de stoner qui sont dans mes écoutes régulières, il y a Almost Heathen de Karma To Burn, Dopesmoker l’album monolithique de Sleep, du Kyuss, et bien sûr quelques groupes NOLA. Les 90’s ça me colle à la peau comme un K-way. Quelques suédois qui sonnent comme des ricains aussi dont je vous conseille l’écoute comme les premiers The Awesome Machine, Spiritual Beggars (et son côté hard rock de plus en plus excitant), et les deux premiers Grand Magus teintés de heavy nordique...La palette s’élargit facilement. Dès le début, 6 Months Of Sun agrippe avec cet excellent son gras, ronflant comme une moto prête à couler une bielle. Si e n’ai pas eu beaucoup de surprise, peut être parce que j’ai écouté ce style hors de toute raison pendant des années, j’ai retrouvé ici tout ce qui m’a fait aimer le stoner : lourdeur, puissance, lenteur, odeur de désert, accélérations motorisées.

"Electric bones" part sous les meilleurs auspices avec un rythme bien mené, une basse qui a toute sa place, et cette guitare montant dans des registres psychés et des aigus desert-rock que ne renieraient pas Dave Windorf...Que du bon. On envoie un peu le bousin en mode charge sonique, le titre passe comme l’éclair et on se retrouve pris dans "Bearded thunder". La barbe, le tonnerre, c’est fondamental ! Tout stonerien veut aller jouer dans le bayou et dans le désert californien, nourrir les tornades de ses riffs qui donnent à la musique du diable (blues ou metal ou les deux) une force tellurique.

Contrairement à un de mes collègues sur Pavillon666, je trouve que leur force est d’avoir choisi l’instrumental qui met l’accent sur l’imagerie, le son, l’efficacité, le groove. Putain ça envoie. Le style est aussi question d’imagerie, écoutez Orange Goblin ou Monster Magnet, tout se situe dans les visions qu’on reçoit ! Ou les biens nommés Mars Red Sky !

J’avais déjà chroniqué un disque où jouais Cyril Chal : Lilium Sova. Il s’était retrouvé parmi mes plus grosses claques. Revenu vers moi dans un autre registre, je suis toujours sur le cul.

Vous entendrez un trio qui s’éclate, avec une honnêteté artistique qui fait du bien, sans compromis. L’originalité n’est pas leur objectif (d’ailleurs je me fous de ce critère bordel !!!). C’est mélodique et travaillé avec juste ce qu’il faut d’impression de vacation pour qu’on sente qu’il y a parfois trop de chevaux sous le capot pour maîtriser toutes les forces. Si bien qu’au bout du casque je m’emballe fortement sous les assauts sonores. Les titres sont tous fait du même bois, de la même essence, rendant le disque assez homogène. L’impression qui en ressort est de se prendre un bloc massif dans les feuilles.

La Suisse cache d’autres trésors que le fric de nos évadés fiscaux (rooh elle est facile hein) !!!

Le disque sonne vivant, on sent les intentions et sa durée permet de ne pas s’ennuyer et de rester dans la dynamique sur la demi-heure. Chaque titre contribue à construire l’ambiance avec des angles différents. "Lightning bird" part en burn en laissant de la cambouis partout façon Down, dans un stoner parti à la rencontre du sludge. La batterie y est pour beaucoup, le duo guitare basse fait monter en cylindré.

"Coyote paranoïa" et "Unstoppable wheel" (le titre qui me fait le plus agréablement penser à Karma To Burn) se font plus contemplatifs si je puis dire. Disons qu’ils nourrissent toute une imagerie, celle d’un espace buriné à la terre brûlée, entre Monument Valley et le sol martien.

"El barbathor" est pachydermique. Le Stoner s’accoutume bien des adjectifs préhistoriques, néolithiques. Encore une histoire de conception, de point de vue...Le stoner se ressent !!!

Il faut dire qu’on s’imagine facilement un gros stégosaure à la démarche pataude mais destructrice, inconscient de sa force de frappe et s’essayant au rock’n’roll le plus gras. Le champ sémantique du tellurique aussi marche bien. Volcanique, sismique, bref, le son doit vous faire cogner les genoux. C’est le cas tout le long de ce "And water flows" qui file sans crier gare et nous emporte dans l’inondation.




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