> Critiques > Autoproduits



En octobre prochain, j’aurai 44 ans. Petit à petit, inexorablement, l’embonpoint s’installe. Les défauts enkystés prennent leur aise.

La frustration n’est plus une problématique de chaque instant, l’exaltation tend à s’atténuer. Après tout, il faut bien être adulte, non ?

L’ardeur est moins lumineuse. Il faut prioriser. Un pied dans une immaturité rassurante, l’autre dans une perception distante de soi et finalement le cul entre deux chaises.

Je n’ai pas connu cet état que les anglo-saxons appellent "Mid-life crisis", ce rebond d’adolescence, ce sursaut d’angoisse comme un corps surpris qui rentre dans une eau trop froide, comme un bilan du temps déjà parcouru...

Semi ratage, semi réussite... Comme l’addition de nos renoncements et de nos petites lâchetés. On se rassure avec ce qu’on a, ce qu’on possède, on préfère oublier ce qu’on n’a pas eu.

On souffre de l’avenir, on se voit vieillir dans le regard de ses enfants... On voudrait de toutes nos forces être dans l’action fébrile mais la contemplation nous gagne.

On se surprend à regarder ces corps jeunes, on se surprend à revoir nos jeunesses fantasmées... On se rappelle ces soirées d’été avec ce bras qu’on effleure, promesse d’autres incandescences.

On se surprend donc à la regarder cette jeunesse avec cette même incompréhension face à leurs codes comme on riait de la crédulité de nos parents voici 20 ans.

Nous ne comprenons pas leurs codes, nous nous moquons de leurs attitudes fières pour ne pas dire hautaines...

© Laurent Mabed

(Mais en le chuchotant, secrètement, Mesdames, messieurs les quarantenaires, n’enviez-vous jalousement leur fraîcheur ?)

Certes, ils abusent du "mauvais vin", ils sont bruyants et puérils, ils sont naïfs mais ils sont aussi et avant tout ce que nous ne sommes plus.

Qui parmi nous n’a pas ri face à la mièvrerie faite de calculs et d’énième second degré de cet épiphénomène appelé à être éphémère qu’est " La Femme" ?

Qui n’est pas parti en éclats de rire face aux discours lénifiants de #Fauve ?

Pourtant, on aimerait se reconnaître parmi ceux-là mais le temps est passé. Qui d’entre nous n’a pas crié au parjure, au plagiat face à la Pop frelatée de Lescop ?

Pourtant, confusément, nous aimons, que dis je ? Nous adorons ces Pépées Yéyé, ces "girls" affranchies. De la sculpturale Françoise Hardy à l’ingénue France Gall, de la joliesse suave de Sylvie à l’impertinence mutine de Lio.

Quelque part, Lydie Baron et Jean-Baptiste Prioul de Leonard perpétuent cet héritage d’une ultra Pop où ce qui prime c’est l’énergie ... Ici pas d’innovation, pas de révolution.

Avec ce deuxième EP, Leonard poursuit sa voie dans le travail de mélodies rétro-futuristes ....

Empruntant à l’ambiguïté du Dead Or Alive de "You Spin Me Round" ("Je Me Rappelle") et le kitsch attendrissant d’une certaine Pop Eighties (Niagara, Daho)... Parfois, vous penserez à la nostalgie crasseuse et sensuelle des Chromatics.

Nulle trace d’Alex Beaupain dans "Une Chanson d’amour" mais plus la rencontre entre l’efficacité d’une Donna Summer blanche et blonde quand "L’homme qui danse" fait jaillir les geysers, brise le verre comme une Elli qui n’aurait pas connu la rudesse du Punk.

Certes la musique de Leonard n’évite ni les références ni les défauts. Peut-être trop attiré par une "Dolce vita" matinée de Farniente parfois, peut-être aussi trop de fougue... Ou peut-être sommes nous trop blasés ?

Peut-être sommes nous irraisonnablement jaloux de cette irraison en forme de principe de vie, d’élan généreux ?

Peut-être sommes-nous bêtement envieux de ce que nous ne sommes plus ?

lamusiquedeleonard.com




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.