GDBDFDD = Gueule De Bois Du Feu De Dieu (programme tout à fait réjouissant, gloire à l’alcool, gloire à l’ivresse, gloire aux lendemains qui chantent, qui chantent trop fort et déchantent !) (je croyais que depuis les 90s, j’étais le seul à utiliser l’acronyme GDB) (camarades de beuverie, unissez-vous !), mais aussi la suite d’accords qui préside à la composition d’une chanson de Getting Lost, le nouvel album de la singer-songriwter Sylvia Hansel, autrefois connue sous l’imprononçable patronyme Hanschneckenbühl et croisée au sein de formations telles que Bellegarde, La Féline et Wonderflu, groupe (habitué de chez ADA) au sein duquel la journaliste et romancière montreuilloise a tenu la basse. Enregistrés sur Garageband (ceux qui savent savent), les dix morceaux de Getting Lost nous sont parvenus par le biais d’un message éloquent / simple / vibrant, posté sur Facebook il y a quelques jours – une bouteille musicale jetée dans l’océan numérique : il n’en fallait pas plus pour aiguiser notre curiosité. Entre chien et loup, le folk bleuté de Sylvia Hansel fait la part belle aux mélodies délicates sur fond d’arrangements minimalistes, toute guitare acoustique en avant (le poignant Tears for breakfast), et décline son spleen parfois espiègle (l’inaugurale mignardise sixties Is it stupid to say I miss you ?) dans un registre alt-country évoquant Kristin Hersh, Kim Deal (A picture of the sunset : ah ce glissando du majeur au mineur, un délice), et Tarnation (Dancing in the living room). L’ensemble est à l’avenant, cohérent, homogène, porté par une production épurée (ici et là, des rythmiques discrètes, des nappes sonores étirées, une music box pointilliste), et un chant aux harmonies précises - accents velvetiens compris - narrant déboires / souvenirs / espoirs, le tout au service d’une simplicité qui tend vers l’évidence : rien à retrancher, rien à ajouter. D’une honnêteté sans fard, doté de solides atouts et atours, le joli-comme-tout Getting Lost est un éloge à la musique de chambre telle que pratiquée par mille et mille artistes de chambre, collés le soir dans leur home studio sans ambition autre que vibrer et faire vibrer et dont le talent indéniable passe sous les radars : chère Sylvia, puisse cette bouteille à la mer (au cœur vibrant) atteindre des rivages plus luxuriants et toucher, comme nous avons été touchés, les âmes sensibles.