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Je tiens à vous prévenir tout de suite. S’aventurer dans l’univers de Monster Zoo n’est pas chose aisée pour qui ne s’est pas un tant soit peu préparé à vivre une hallucinante bataille rythmique. En effet si vous n’avez pas été élevé aux excentricités sonores d’Aphex Twin sinon goûté aux compositions syncopées d’un Sixtoo ou d’un Daedelus, passé votre chemin, car la musique de Debmasteur pourrait vous laisser quelques lésions cérébrales irréversibles. Pour tous les autres elle apparaîtra au contraire comme un exécutoire, un espace unique de défoulement salutaire. De distorsions éprouvantes en élucubrations synthétiques, de rengaines robotiques en triturations tapageuses, le beatmaker picard construit ainsi une musique transgenre, inclassable, qui passe outre les codes normatifs de l’electro minimale et du hip-hop mutant. Cousin du transatlantique Zwarte Achtegrond des mal nommés Lab Wast, dont l’un des protagonistes (Subtitle) est ici convié, Monster Zoo étonne surtout par la rigueur bienfaitrice de ses instrumentaux de laboratoire dont chaque beat s’apparente à une frappe chirurgicale à l’encontre d’un hypothétique point g mental, et ceci nonobstant l’apparente froideur neurasthénique qui s’en dégage. Car Debmaster possède cette aptitude remarquable de pouvoir rendre une musique déshumanisée, presque inorganique, dense et captivante. Tels des univers clos qui ouvriraient sur des mondes infinis, les pistes sont construites comme des lieux de passage où chacune achève celle qui l’a précède et annonce celle qui la suivra. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer qu’à chaque morceau instrumental succède un titre rapé, cohérence opportune qui permet à l’ensemble de ne jamais tomber dans l’abstraction monocorde et donne à cet auteur polymorphe l’occasion d’exploiter généreusement sa palette sonore. Côté intervenants, on retrouve pêle-mêle Bleubird et Subtitle, le Shapeshifter Existereo, accompagné ici d’Innaspace, pour un Xplode à l’allure de bande original d’un conflit interstellaire. Deux autres californiens, Sach et d’Inoe Oner, qui viennent claquer leur flow imparable sur les beats " bouncing ball " de Digi (2020). Notre Donkhishot national lequel, en cynique commerçant, s’acharne à nous vendre son néo- concept hardcore de télé réalité : Asile Story. Pour finir on côtoiera avec plaisir sur le très schullerien Jenny le chanteur pop Maître Vitalis des parisiens Yubaba Smith and Fortune. Plein d’une identité singulière qui à chaque écoute s’affirme un peu plus, Monster Zoo reste un secret bien gardé qui, je l’espère, ne le sera plus longtemps.




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