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Parfois face à des médias artistiques à la complexité intimidante, nous ne parvenons pas à expliquer notre attirance. D’Henry Darger cité et mis en scène sur l’excellent "Lost Lost Lost" des Marquises, projet mené par Jean-Sébastien Nouveau en passant par le Folk foutraque et psychotique de Daniel Johnston ou encore la mélancolie déglinguée du vétéran Tom Waits, combien d’énigmes planquées dans des tiroirs poussiéreux dont nous n’avons pas la clef... Ces artistes là, on les inscrit un peu aisément dans une certaine forme d’Art Brut.  

Parfois comprendre ne sert à rien, parfois les réponses aux questionnements qui nous taraudent se situent dans le domaine de l’évidence, celui de la simplicité. Parfois nous aimons confusément sans vraiment les "comprendre" les "gribouillages" de Miro sans doute justement car ils nous renvoient à NOS propres gribouillages d’enfant. Ces temps-là où l’oiseau était un V vague et souple.  

Quand on touche à l’art brut, on touche au domaine de l’expérience du jeu de l’enfant qui découvre, apprend et malaxe son imaginaire.

      

Le nouveau livre disque d’Arnaud Le Gouefflec, John Trap, Chapi Chapo et de l’illustrateur Laurent Richard, "Chansons Robots" après "Chansons tombées de la lune" est de cette dimension là.

La période de l’enfance, c’est l’extraordinaire qui cotoie le quotidien comme par exemple, ici, Arthur et sa maison qui s’envolent dans l’espace et ses robots jouets qui se mettent à parler.

L’enfance, c’est cette période où l’imaginaire est roi entre fièvre psychotique et interrogations de tous les instants sur l’essentiel.  

"Chansons Robots" a l’intelligence et la délicatesse de poser les questions qui ne connaissent pas de réponse. Entre malice, quinzième degré, clin d’oeil et voyage intersidéral, les compères du Studio fantôme nous font plonger dans l’aspiratounoir un peu comme si Clarke en écrivant "2001 Odyssée de l’espace" avait rencontré le Dadaïsme.  

Il faudra insister sur la beauté des dessins de Laurent Richard qui mêlent Giger à Arcimboldo, autre artiste brut avant l’heure pour ensuite oser les traits sobres en noir et blanc.

      On retrouve également avec bonheur l’apport discret mais précieux du trop rare Chapi Chapo. Quand on croise Arnaud Le Gouefflec à Brest, il n’est pas rare de voir suivre John Trap tant leurs participations sont multiples et complémentaires.  

Je crois bien que ce provoque mon attachement au label L’eglise de la petite folie et ses déclinaisons en local Studio fantôme et en Festival Invisible, ce sont ces interactions entre les différents projets qui contribuent de l’humanité de l’ensemble, de cette sensation bien réelle de famille.  

Pour exemple et démontrer mes impressions, prenons l’exemple d’Arnaud Le Gouefflec qui en compagnie de Briac Queuillé au printemps dernier signe la très belle BD "La Nuit Mac Orlan" qui trouvera sa prolongation dans une réadaptation des chansons écrites par l’écrivain à casquette par le brestois et John Trap. Si par hasard, le spectacle issu de ce livre CD passe non loin de chez vous, je ne peux que vous inciter à vous y rendre rien que pour découvrir le crayonnage fébrile et en direct de Laurent Richard au rythme de la musique et du conte, osons l’expression, pour petits et grands.

  Finalement, les réponses aux problèmes les plus ardus, aux questionnements les plus complexes sont à chercher dans les certitudes les plus simples. Dans le spectacle de ma fille de 07 ans qui écoute ces "Chansons Robots" qui imagine que le coussin posé sous elle est le poste de commandement d’une fusée intersidérale, que le feu dans la cheminée qui crépite, c’est le turboréacteur qui se déclenche, que nos ombres autour de nous, ce sont les robots qui l’accompagnent. Je m’arrête là car je pourrai encore mon énumération longtemps.

Finalement, du haut de ses sept ans, ma fille me donne sans le savoir la réponse à ce questionnement que j’ai. Nous analysons, l’enfant pressent. Pourquoi suis-je attiré par l’Art Brut, par l’art naïf du Douanier Rousseau, l’implosion d’Antonin Artaud ? Sans aucun doute car il me renvoie à ces plaisirs premiers, d’avant la sexualisation du contentement, au seul plaisir du jeu, au seul imaginaire sans limites.

Je vais devoir vous laisser... Oui... J’arrive.... Excusez-moi... Oui, je n’en ai plus longtemps, je leur dis au revoir et j’arrive... Désolé mais je ne reste pas, Azote la robote m’attend sur le pied de la porte. Et puis je tiens à veiller au grain car le Robotosaure vient de rentrer dans la pièce et il est connu pour sa maladresse légendaire... Oui... Electro (robot bricolo) ... J’arrive

Allez... One...Two...Three...Four...

Mégaturbopulsion !!!!!

En route vers l’espace intersidéral

"Vers l’infini et au delà" comme dirait l’autre.

PS : Je ne peux que vous conseiller également la découverte de "Chansons Tombées De La Lune" par les membres du Studio Fantôme.

http://www.lestudiofantome.com/




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