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"Imposture", quel étrange titre d’album, pour plagier comme Desproges citant « Hiroshima mon amour » lui collant l’exclamation « Quel étrange cri". Étrange titre donc pour un disque qui s’il est une imposture, range une bonne partie de la production française et mondiale sous le tapis de la vacuité artistique.

Alice Lewis pour ce disque travaille en duo avec Alexandre Chatelard, Ce qui deviendra une évidence n’était que le fruit d’une rencontre via des amis communs. Tous les deux au fil des différents morceaux convinrent qu’ils ne pouvaient faire autre chose que de travailler ensemble. Le résultat sera donc « Imposture » disque typé (les aficionados de Tricatel devraient adorer, d’autant plus qu’Alice a travailler avec le label ainsi qu’avec Sebastien Tellier ) mais pas si atypique.

Il y a d’abord les connexions gainsbouriennes car depuis quand nous n’avions pas entendu le mot scélérat dans une chanson, ou l’eau de Seltz), une basse comme celle de « Cabriolet » plus en état d’arrestation.

« Les Beaux Draps » quant à lui, est morceau félin d’une Alice Lewis féline, rentrant dans les habits ou les draps d’une Adjanie sans pull marine ou d’une Birkin qui fuyait le bonheur de peur qu’il ne se sauve.

Il y a un héritage évident d’une pop française qui s’éloignait des horribles facilités yéyé. « Les ciseaux  » est une chanson qui titille notre passé electro pop du début des années 80, mais avec une coloration qui ne serait pas éloignée de l’amour courtois. Car Alice Lewis et Alexandre Chatelard, s’ils trouvent leurs inspirations dans une chanson française qui déjà à l’époque ne prenait pas les auditeurs pour des idiots (Elie, Jacno, Daho, Colombier….) ils tentent un voyage réussi dans le temps, à l’époque où l’on ne réglait rien sans croiser son regard, sans prendre de temps.

Il y a la certitude d’appartenir à son époque, en témoigne "Amour asymétrique », chanson qui place Alice Lewis sur le même plan qu’Arnaud Fleurent Didier, et qui me place face à ma propre dégénérescence, incapable de savoir pourquoi ma boite à souvenir trépigne en entendant le refrain

Si au premier abord le disque pourrait facilement faire fuir les diabétiques qu’ils se rassurent, le piment est saupoudré ça et là comme ce, « Dieu est un marchand de sable, une légende ineffable » dans « La Reine au Sang Bleu » est une flèche en plein coeur, une critique avec doigté du nouvel opium radical du peuple.

Écrits à quatre mains, avec l’air de la poésie de Ronsard, "O ma douce moitié" nous attrape par le bras droit, le bras gauche cri par Deneuve dans les parapluies de Cherbourg, Catherine 2018 qui ferait bien d’écouter « Un autre Jour » en corrigeant sa tribune dans le monde.

Ce disque est presque chamanique tant il réalise l’exploit de nous hypnotiser via une pop qui pourtant semble innocente. Hors elle, recèle un filtre étonnant, portant Alice Lewis sur le trône de la pop française.




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