> Critiques > Labellisés



Deux mains fripées contre une bande magnétique s’affairent à la nettoyer. Elle frottent doucement la surface molle, en cercles, les doigts enfouis dans un chiffon blanc, acheté quelques jours plus tôt à un marchand d’épices. J’inspire la mousse à fond et me délecte de tout ce jus de rose qui coule paresseusement le long de ma joue.

Ce soir, j’ai hâte de mourir.

Un cheveu brun dégringole sur l’écran, le clavier brûle et je me noie dans des réflexions pas claires. En plus j’ai pas pris de douche depuis 3 jours, j’ai même pissé dans un vieux bol, aux rebords abîmés, que j’ai posé au bout de ma table de chevet, bancale et mystérieuse, à l’image de cet album, A Whole Fucking Lifetime of This, des gosses qui tombent du ciel les yeux bandés, une cigarette coincée entre les deux plus jolis doigts de la terre, j’hallucine encore et la voilà qui apparaît devant moi . La réalité de la Beauté, fourbe et libre de toute caresse, trace une armée de lignes rousses sur l’arrière de son corps, vomissements printaniers et geai moqueur à ma fenêtre, chope voir ma main, chope voir ma main, je t’emmène quelque part...

Bon, j’ai pas causé des masses de l’album, découvert par hasard (comme souvent, d’tfaçon) mais il m’évoque tellement de trucs simultanément que j’en perds toute logique. La voix du mec est apaisante, jamais niaise, et semble nous chanter de jolies choses. Je suis dingue des changements de rythmes soudains, l’album en est truffé. J’ai l’impression de courir après une fille, puis de pleurer notre rupture tout en achetant un cadeau pour son anniversaire, suivi d’un bouquet pour sa tombe.. Just a mistake est folle, je l’écouterai souvent, Eating Cherries me fait l’effet d’une douce brise printanière échappée de 1994, jolie période, où tout était encore faisable et grand, période où tu courrais dans les bois voisins et construisais des cabanes, qu’est ce qui a bien pu se passer ? Des larmes hésitent à la frontière de mes yeux, l’album touche à sa fin alors je ravale ma fierté et me retiens de pleurer.

Un jour, je construirai de mes mains une satané machine à remonter le temps, à l’aide d’horloge et de photos de vous. Ainsi, je me perdrai dans les dédales amers du Temps, encore et encore, les genoux écorchés à force de trébucher.

Je ne sauverai personne, puisque c’est impossible, mais je brûlerai mes os en essayant, une main sur ton coeur et l’autre autour de la crosse froide d’un flingue acheté sur le Deep Web, est-ce que tu crois qu’un jour j’y arriverai ? 1953 - j’étais pas née et toi non plus. L’air est parfumé de lavande, une pie sautille sur la plus haute branche d’un chêne, picorant régulièrement entre les rainures marron du vieil arbre. Quand la douleur vint à elle, elle arrêta d’abaisser son petit bec et s’affala de tout son poids contre le bois. Doucement, la vie la quitta et s’envola vers les cimes, tout en laissant échapper un doux filet de musique qui emplit l’air de sa bonté.

Pars avec moi !




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.