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Ce qui frappe tout d’abord chez The Sleepy Jackson, c’est Luke Steele : un parfait modèle de grand dadais attardé, au look situable entre Groucho Marx Et un Playmobil. Un échantillon exemplaire de transformiste naïf et roublard, 1er et 2è degré. De sa perruque à sa petit moustache ridicule, de ses gants de boxe à son maquillage glam, les enquêtes en cours destinés à décrypter le look de Luke Steele aboutissent à deux conclusions contradictoires : ou bien le gaillard attrape naïvement tout ce qui lui tombe sous la main et s’en accommode gentiment, ou bien il a le sens aigu de la séduction, l’esprit calculateur infaillible, jusqu’à s’exposer tel quel sur la pochette de son premier LP. O Or Luke Steele EST The Sleepy Jackson, unique commanditaire d’une formation au psychédélisme complexe, dont les contradictions sont à résoudre dans un retour à l’enfance. The Sleepy Jackson joue à la perfection la carte d’une pop kaléidoscopique, à mi-chemin entre candeur juvénile bricolée, et savoir-faire orgueilleux et enfantin. " Lovers " se présente comme la caisse à jouets grande ouverte, le terrain de jeu judicieusement balisé du petit Luke, éclaté et luxuriant, mais étonnamment cohérent. Ainsi, quand le petit Luke décide de faire dans le psychédélisme récent à la Flaming Lips (" Good Dancers "), ou beachboysien (" This Day "), Steele aboutit à deux perles absolues, riches en chœurs oniriques et en cordes dissonantes, placées en début d’album. Le temps d’un rock’n’roll velveto-supergrassien (" Vampire Racecourse ") et d’une ballade imparable (" Acid in my Heart "), Steele semble vouloir se prouver à lui-même et à son auditoire qu’il peut faire marcher ses jouets à la vitesse qu’il veut et quand ça lui chante. Puis, l’heure est venue de se dire que le jeu a assez duré et qu’il faudrait aller faire un tour chez les grands, c’est-à-dire signer un ou deux tubes. C’est chose faite avec " Rain Falls for Wind " et " Tell the Girls That I’m Not Hanging Around ", étonnante et efficace ritournelle électro-pop, digne d’un New Order en vacances chez Spiritualized, enchaînée malicieusement et sournoisement à " Fill me with Apples ", interlude maussade au piano aussi groggy que le chanteur. La deuxième partie de " Lovers " est relativement plus classique et un tantinet inférieure à la première, mais pas exempte de l’entêtement de Luke Steele, celui d’un enfant qui refuse de se coucher tant qu’il n’a pas fait la totalité de ses farces prévues dans la journée : cette enfance est même explicitement célébrée sur " Don’t you know " et " Morning Bird ", où des enfants viennent poser leurs voix dociles sur des mélodies inquiétantes, créant un certain malaise. Au milieu d’un tel bazar, tel une chambre mal rangée, l’insouciant Steele ne peut retenir, comme tout enfant, une monomanie. Celle de la country, omniprésente sur tout l’album grâce aux intonations évasives d’une lap-steel égarée, et célébrée sur " Miniskirt " et " Old Dirt Farmer ". Cette musique de la terre, prosaïque en diable, mêlée à celle, aérienne, du plus éthéré des psychédélisme, forme bien ce grand écart surprenant et audacieux que réussit The Sleepy Jackson, tout comme le réussissent à leur manière Grandaddy ou The Flaming Lips, et comme le définit la période de l’enfance, celle où l’on joue sérieusement.




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