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L’artwork d’un disque est au-delà du premier contact qui lie l’artiste à l’auditeur potentiel (quitte à devenir un motif totalement irrationnel d’achat pour certains… enfin, je dis çà, je dis rien..) offre aussi souvent, et peut-être surtout, une porte d’entrée, une piste de réflexion sur l’intention des auteurs.

Dans cette optique, le sublime artwork (comme souvent sur le label berlinois) qui nous présente le premier disque de Slow Reels est un bel exemple. En effet, derrière ce bloc à la nature et à la forme incertaine, sur lequel se déclinent des ombres, des nuances, des lignes de fuite légèrement contrariées il a y a probablement la plus belle incarnation possible de la façon dont Ian Hawgood et James Murray ont construit les quatre morceaux qui composent Farewell Islands mêlant leur goût respectif pour les synthétiseurs et le recours aux enregistrements de bandes traditionnelles pour l’un, l’attirance pour les instruments classiques ( piano, guitares…) et les compositions digitales pour l’autre, basculant de l’un à l’autre au cours de l’écriture.

Le résultat donne à l’ensemble de ces quatre plages, longues, amples, follement cinématographiques (difficile de ne pas penser aux bande-originales que signent Mica Levi par exemple) une profondeur et une texture sonore d’une richesse fascinante (notamment sur Shona impressionnante plage de plus de douze minutes) que chaque nouvelle écoute révèle un peu plus.

Chacune des quatre compositions permettent également d’explorer des nuances, des variations émotives entre drone-minimal et ambient hypnotique qui évoquent par instant le meilleur des projets de Mark Nelson ou Benoit Pioulard.

Mais la plus grande réussite de ce premier album de Slow Reels, est probablement de suspendre totalement le temps en dégageant une forme de beauté aussi troublante qu’apaisante qui, si elle ne nous épargnera pas de la réalité de mars 2020, nous aidera probablement à nous en extraire un peu, vers ces îles intimes auxquelles nous nous raccrochons désespérément. Sur l’une d’elle, il y a une platine. Sur cette platine, Farewell Islands tourne en boucle.




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