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Comment ne pas voir dans le titre de ce nouvel album de Matt Elliott une parfaite description de ce qui nous arrive ? Il est en effet difficile de ne pas y trouver une coïncidence troublante avec cette période charnière où l’on ne sait pas si demain ressemblera vraiment à hier… sans doute pas.

Peut-on alors envisager Matt Elliott comme un visionnaire ? Celui qui intitulait son précédent album “The Calm Before” se révèle plutôt un artiste de l’intime en phase avec l’universel.

Dès la première note de l’instrumental “What once was hope”, on tombe en territoire familier, cette manière d’allier une ambiance faussement apaisante avec une inquiétude sourde qui ne quitte que rarement la musique de l’anglais.

Le morceau suivant, “Farewell to all we know” se révèle comme une sorte de croisement parfait entre Leonard Cohen pour la voix, et Rachel’s pour l’ambiance toute en cordes et piano, accompagnant la guitare classique, instrument central depuis de nombreux albums. On se prend à voir jouer les musiciens dans une pièce qu’on imagine boisée et chaleureuse.

Les arrangements, délicats, transforment chaque titre en une œuvre à part entière, alternant entre un dépouillement extrême (voix / guitare) et un univers foisonnant grâce à la présence du trio de choc Gaspar Claus (violoncelle), Jeff Hallam (contrebasse) et l’incontournable David Chalmin (piano, enregistrement, production), déjà présent sur les 2 précédents albums.

Si auparavant Matt Elliott pouvait laisser se déployer des titres longs, étirant les thèmes à l’envi, on a l’impression sur cet album que chaque morceau a été réduit à sa substantifique moelle, avec une volonté de ne pas débattre inutilement et d’aller à l’essentiel du propos. Parfois les tourments semblent s’échapper de l’enveloppe où ils sont emprisonnés, des fantômes se forment aux contours mouvants et vous entourent sans réelle volonté de faire peur. Parfois la troublante accalmie vous enveloppe de mélodies évidentes et soyeuses, dans une apparente simplicité.

Cet album est un joyau dont on mettra du temps à extraire toutes les beautés, parfois sombres mais toujours envoûtantes. A Masterpiece.