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J’ai toujours eu un rapport étrange avec le jazz, une forme de coquetterie. Je possède quelques classiques (classique, car les professionnels de la profession le disent) mais comme face à certains livres, ou face à des films tournés ou financés par Luc Besson, j’ai une forme de timidité, une peur de ne pas comprendre de dire une bêtise (une de plus) et de perdre le dernier centième de pour-cent de légitimité que semble devoir m’accorder les professionnels de la profession des musiques actuelles.

Le jazz n’est jamais dans mon ipod pour les longs trajets, il est rarement dans ma playlist d’un dîner à la maison, ou alors quand l’un des invités a un niveau BAC plus cinq en ayant eu son BAC avant les années 90 et que je veux l’imaginer en rentrant chez lui dans son hybride dire à sa femme épuisée par une vie sans saveur qu’il me pensait plus con. Oui car le jazz a ce côté musique pour ceux qui savent, une sorte de Graal de la maturité, ce qui est difficile à imaginer chez moi quant à presque cinquante balais je m’enthousiasme plus pour un disque de noisy d’un groupe de gamins de Boston plutôt que des enregistrements de Keith Jarret retrouvés par hasard dans la maison que sa grand-tante sous-louait pour payer les cours de guitare d’un enfant diabétique du Massachusetts.

Alors écouter « Coquette » de Hailey Tuck pouvait ressembler à une sorte de souffrance obligée que je m’inflige, car j’aime tout ce qui est difficile et triste. Alors si je passe les connexions avec la France via « Where do You Go ? » et l’immortalité inespérée pour Sacha Distel, et la reprise du très dispensable « Juste Quelqu’un De Bien », « Coquette » qui sans faire naître chez moi une forme de transe m’amenant à programmer la destruction en rentrant de vacances d’une partie de ma discothèque pour reproduire le rayon jazz de la médiathèque que je fréquente, est un disque plaisant, comme la musique peut l’être quant à la lueur d’une pleine lune et d’un ciel sans pollution lumineuse vous dégustez un pinot noir fraîchement servi, que la brise du soir et le seul bruit parasite, et que la peau cuivré de celle qui vous fait face vous fait dire qu’elle est toujours aussi belle. « A Bit of You » s’impose à vous comme le générique d’un James Bond classique, « Seabird » comme une jonction entre le jazz et la country. La voix de Hailey Tuck y fait merveille, précise et soyeuse, sensuelle sans en faire trop. « Every Other Night » un classique à déguster quand la nuit est tombée en douceur et « Talkin’ Like You » une berceuse pour grand garçon qui n’a pas pour but de l’endormir, un classique coquin sorti d’un film des années 50 avec un Gary Grant aux prises avec une craqueuse d’homme. « Coquette » est donc un disque de Jazz, son titre mignon en dit long sur le lien avec notre pays, mais également sur la façon qu’à Hailey Tuck pour écrire et interpréter ses chansons. Je ne sais pas si un disque que les puristes du jazz aimeront, mais je sais qu’il m’aura fait passer une charmante soirée, et qu’il pourrait le faire de nouveau, sans coquetterie.




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