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Si pour certains l’artwork d’un disque est secondaire, voir nié au point de se permettre de le retoucher sur Photoshop comme une vulgaire publicité pour un pot de margarine et de priver le Casanova de The Divine Comedy de sa clope nonchalante avant de le mettre en une, il reste un élément majeur du travail artistique des groupes, des labels, et parfois, le petit plus qui pousse la curiosité pour s’en approcher, l’attraper dans le bac, qui donne envie d’avoir l’objet, de pouvoir le toucher, l’exposer…(*)

A cet égard, l’identité visuelle développée par la série Mind Travels chez Ici d’Ailleurs est assez remarquable de pérennité et d’excellence comme le démontre une nouvelle fois l’artwork signé par Francis Meslet pour cette troisième collaboration depuis 2014 entre Laurent Petitgand et Thierry Merigout aka Geins’t Naït.

Au delà de la beauté de la photographie, cette dernière incarne une illustration parfaite de la proposition que duo nous fait une nouvelle fois. Une multitude de portes ouvertes, d’entrées vers des récits multiples peut-être consignés sur ces courriers laissés à l’abandon…où plutôt dans l’esprit de l’auditeur qui se laissera prendre au panorama sonore, mental et sensoriel que le duo exprime en toute transparence sur l’inaugural Shape of Stories pour y projeter ses propres scénarios.

(…) Every story is a shape, and the shape of every story is different from the shape of every other story…like this maybe or this (…).

Comme çà, ou peut-être comme çà…définir le travail des compositions sonores des douze morceaux qui composent Like This Maybe Or This peut également s’appréhender sous des angles multiples sans tout à fait parvenir à définir un cadre stricte, monolithique, uniforme.

Si l’approche électronique expérimentale qui caractérise le son de Geins’t Naït dans sa densité, son intensité et sa dimension quasi industrielle par instant reste une trame de fond forte, notamment sur Hac ou Guido 10, c’est bien en s’ouvrant à d’autres influences que les compositions parviennent à fasciner comme, l’impressionnant Pecno, où une ligne rythmique presque cold-wave ensorcelle totalement.

En contrepoint de ce son dense, puissant, l’apport mélodique de Laurent Petitgand, à travers le piano, les cordes ouvre un pan plus aérien, limpide et onirique comme sur le très beau Dustil, le final Aphro ou sur un des plus beaux morceaux du disque, Nagac sur lequel des samples vocaux nippons transportent dans l’instant à Narita.

Cet emploi des voix est également un des fils conducteurs fort du groupe depuis l’inoubliable Je vous Dis. Que ces dernières soient samplées, vocoderisées, chuchotées, criées en arrière plan ou plus simplement posée sur une des plus belles chansons d’amour de 2020 sur la parfaite Chut.

De ces couches sonores multiples, qui s’entremêlent, se superposent finit par émaner une beauté et une expérience sensorielle d’une variété, d’une intensité et d’une richesse folle qui pourrait par analogie faire penser à l’expérience de certaines travaux de peintures comme ceux de Gerhard Richter.

Ouvrir une porte, faire le chemin une fois. En ouvrir une autre, ou la même, le refaire différemment, le ressentir différemment, autrement…et recommencer. Partir, loin du kilomètre carré du quotidien confiné. C’est à ce type d’expérience(s) que Like This Maybe Or This invite. A vous de voir. Si tant est que la question se pose vraiment.

A Découvrir Absolument.

(*) : aucune pochette n’a été blessée, maltraitée ou abusée au cours la rédaction de cette chronique




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