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« Je n’ai jamais écouté aucun son sans l’aimer. Le seul problème avec les sons, c’est la musique ». Le malicieux et délicieux John Cage savait lancer des aphorismes dont l’écho jamais ne se tarirait. Très tôt nourri par le Yi-King,Cage empruntait ici au bouddhisme Zen le principe du non-agir.

Ne pas faire est aussi beau que son opposé, mais bien plus difficile. Suggérer l’acte, l’esquisser, le donner à ressentir sans pour autant le faire exister. Nous voici dans les territoires de la grâce. Parfois, au milieu de la cohue, du chaos généralisé, un geste traverse l’écran poisseux du quotidien, et s’ouvre alors un univers inconnu, ample, ouvert et libre.

La musique est une rencontre. Oh ! Le cliché ! D’accord, mais il faut bien que les yeux se posent sur un instrument, ou tout objet susceptible de faire naître des sons, ou les faire taire, avant de construire un tableau sonore. Il faut bien que l’artiste trouve sa voix, sa voie, la voie, la regarde et qu’elle le regarde avant qu’une note puisse enchanter l’espace. Il faut bien que le tissage subtil d’une sculpture aussi fine qu’une toile d’araignée puisse trouver le promeneur fatigué. Et tant de vents contraires, de secousses sismiques minimes, d’accidents malvenus peuvent briser l’équilibre, l’instant de l’émerveillement.

Que faut-il de mise à distance, de détachement, de moments d’ennui, de déprise vis-à-vis de l’esprit de système pour arriver à faire jaillir le monde qui s’affaire au creux de nos cellules ?

Sur ces crêtes, dans ces îlots inhabités, Cécile Schott / Colleen s’y trouve bien. S’y entend bien. Album après album se compose le paysage d’une artiste en recherche. Expériences quotidiennes, lancer un rythme avec la boîte, augmenter la reverb, l’écho, placer, déplacer le micro, écrire des mots, chercher une voix... Cette boucle, non, celle-ci. Saisir le violoncelle, le poser, le reprendre, le poser à nouveau.

A visiter le site internet généreux de l’artiste, on l’accompagne dans son processus créatif, on s’assoit dans un coin du studio et on goûte le doux parfum de ses imaginaires en actes.

La joie tranquille de Colleen infuse entre les sons de synthèse. Les lumières qui brillent dans sa bulle nous parviennent avec un léger retard, un léger écho. Comme celui des étoiles.




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