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On ne compte plus les disques sur les couples, qu’ils soient dans la phase d’explosion orgasmique, ou dans celle plus difficile de la séparation. Souvent conceptualisés comme pour faire office d’une thérapie payé, ils sont parfois un second naufrage alors que les avocats ne sont pas encore dans la phase de finalisation d’une possible fracture sans période de rééducation. Mais les histoires d’amour ne finissent pas forcément mal, quand elles font face à la loi du quotidien. Le glamour du début pourra rapidement être enseveli sous les festives de la guerre intestine, ou quand l’amour devient une grande farce dans laquelle les dindons ne sont pas toujours ceux qui pensent l’être.

Mélangeant les langues, et pas qu’au premier degré, le duo Jo Wedin & Jean Felzine nous embrouille, entamant avec nous une valse enivrante, nous mettant dans l’œil d’un cyclone, celui de l’amour qui ne connaît pas les longs boulevards linéaires d’un Hollywood que le duo emprunte avec une direction volontairement espiègle et joueuse. Dés « Jag Vill Inte Höra (Je ne veux plus entendre) », Jean est crédible en chanteur de charme tout autant que crooner. Nous ne sommes pas chez les yéyés mais plutôt dans le bar d’un grand hôtel quand le barman est le confident du soir entre dorure et moquette épaisse rouge. C’est avec ironie et triple lecture possible que « Jamais envie de » nous prend par surprise, le duo y inventant un kamasutra productiviste, nous faisant chavirer via une chanson cavalcade qui n’a pas de frein. Il nous faudra pourtant nous arrêter pour profiter du tube imparable qu’est « Aux étoiles en feu » qui aurait pu être repris par Dean Martin et Doris Day. Avec « Femme de l’Année » et son ironie grinçante, Jean est à son meilleur. Mais que dire de « Eternel Retour » et son « Viens faire de l’amour » une déclaration d‘amour physique hilarante et piquante.

Quand les cloches sonnent, il est temps de payer la note, et « (tu as) Gâché ma Vie » le fait, mettant la masculinité dans les cordes. Mais Jean, le diablotin, alimente le feu de sa malignité par les reproches et les insultes d’une femme qui pourrait toujours basculer du côté obscur. Pour « Still My Man », c’est Jo qui prend le premier rôle, se projetant dans un film des années 50 en Technicolor avec des hommes en costume anthracite, la peau rugeuse et le chapeau incliné pour cacher à peine l’œil rieur. C’est sur la fin que le couple déchiré reprend des couleurs, mais aussi des plaies. « Slavery » est comme une corde (au cou) qui nous attire une piste de danse. « Sexe Objet » en inversant l’ordre des mots, le duo inverse aussi les pouvoirs établis, le sexe faible n’étant plus celui que l’on pense. Pour nous quitter, « Quand le Mal Vous Quitte » avec Jo & Jean comme un feu d’artifice d’un couple au diapason, ou quand le vaccin est peut-être pire que la guérison.

Décidément Jo Wedin & Jean Felzine, non seulement, ne s’inscrivent pas dans la lignée des disques concepts, mais surtout ils se démarquent en injectant de la satire dans un salon de velours, faisant du couple un objet d’étude à des fins bien plus qu’artistique. Je dis oui.




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