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À peine nos joues retrouvèrent une coloration normale après la gifle monstrueuse de « Songs/Revolving » paru en début d’année, le sextet Stuffed Foxes, revient nous infliger le coup de grâce, tel un Ciryl Gane du hard-psychédelisme.

Face à ce nouvel album de sept titres, les pusillanimes de la musique pas comme les autres peuvent se rhabiller et continuer à vouer un culte à la bamboche Delermienne, car chez Stuffed Foxes, on fait de la dentelle, mais sur des plaques de métal que l’on brodent avec un fer à souder et des instruments de découpage qui demande une dextérité sans égale, si on ne veut pas transformer le chef d’œuvre en détritus pour brocante.

« Songs / motion Return », qui reprend les mêmes caractéristiques de l’artwok de « Songs/Revolving », n’en est pas pour autant la simple recopie, mais plutôt une suite improbable d’un disque qui nous avait totalement mis KO. Car ce nouvel album, toujours aussi peu loquace dans les paroles, l’est particulièrement dans le son, traduit ici par les nervures qu’un sol secoué qui se voit scarifié.

On entre dans « Recurring » comme le papier dans un sismographe, caressé nerveusement par des aiguilles ne pouvant plus se maîtriser. « Hovel » en dit long sur la vie de Stuffed Foxes, qui ne sait pas garder un vaisselier sans casse ou ébréchure. Et ce n’est pas « San Diego » qui changera la ligne directrice, le titre nous plaçant la ville à la frontière de deux plaques tectoniques. Pas question pour nous enfumer pour autant avec « Opium II », même si le paradis artificiel qui nous est présenté ici, a de quoi nous faire voltiger avec légèreté, les semelles de plomb finissant par nous faire regagner la terre ferme dès le ténébreux « Rough Up » qui doit autant aux démons du Velvet Underground qu’aux immenses plages de cauchemars d’un Aphex Twin qui ici aurait appris le solfège au fond de la cave de son « Come to Daddy ». Ce n’est pas une tornade, les météorologues cherchent encore un terme pour caractériser le mieux ce fracas. « Drift », qui suivra, ne vous garantira pas de conserver une cohérence cardiaque propice à faire baisser votre tension. Titre habituellement joué sur scène, il est fixé ici pour le meilleur et pour vos insomnies. C’est par un psychédélisme guttural et spectral que le groupe prendra congé de nous (Modern Morger and Gods) non sans retourner les derniers espaces solides et capables de nous maintenir debout, car inutile d’aller plus loin, le service de réanimation le plus proche vous attendra, le choc a été frontal, et vos facultés cognitives pourraient en souffrir, mais pas au point de vous faire replonger dans le gnangnantisme gênant. Stuffed Foxes est une drogue dure.




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