Nouvel EP pour la nancéienne Laura Cahen, remarquée en 2021 chez ADA avec « Une fille » , deuxième album à propos duquel nous évoquions tout autant et à juste titre Bertrand Belin que la boîte à rythmes Roland TR-66, Stina Nordenstam et Isabelle Mayereau.

Coup de cœur de l’académie Charles Cros, habituée des premières parties prestigieuses, notamment celles de Julien Doré, Laura nous revient avec un « Des filles » ambitieux, mini-tubes en stock et minutieuses comptines électroniques (ou folk) fredonnées au creux de l’oreille d’une voix cristalline, parfois voilée, joueuse sans excès, guest star à l’appui, en une sororité de talents émancipés : Jeanne Added, Juliette Armanet, Pi Ja Ma, Melissa Laveaux, ou encore la divine Yael Naim.

Au travers des thématiques abordées, désirs, craintes, pertes sèches et quête d’affection – du primat personnel au constat universel ; comme on le sait, les combats commencent dans les arrières salles de nos esprits avides de liberté –, Laura Cahen se livre sans fard et questionne son moi sensible : où vont les oiseaux pendant l’orage ? Certains volent au-dessus des nuages, tandis que d’autres se cachent dans les arbres ou derrière des rochers. A l’instar d’une si mélancolique Pomme ou d’une aventureuse Camille au phrasé chirurgical, pointilliste peintre de ses émotions délivrées, Laura plane sous le soleil couchant, ni chien ni loup, un peu des deux, peut-être, à l’image de nos ambivalences terrestres.