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Ils ne sont pas nombreux les disques qui réussissent après une première écoute stupéfaite, à nous garder, même avec le temps, ne craignant pas les rayons du soleil séminale, et sachant nous irradier, même sous cet albédo à la réflexion changeante.

La lune, Moonkiddo ( Véronique Lechat (textes et chant) et Julien Omé (composition et arrangements) en fait son terrain de création, se posant dessus avec l’aide du « Pink Moon » de Nick Drake comme objet spatial.

Rares sont les disques qui se tiennent, et nous happent sur la longueur. « On a Silver Edge » est pourtant de cette race, s’imposant tout à la fois comme une évidence et comme une contrée dans laquelle nous nous perdrons avec plaisir, tant les pistes et les ambiances (la production est d’une finesse absolue.) rivalisent pour toucher du doigt la perfection.

Sur « Silver Age » qui ouvre l’album, il y a du REM dans cette introduction. Un son direct, comme un salut quand on vous accueille sur le pas d’une porte, avant de vous faire entrer progressivement dans son antre, sous un toit remplacé par une verrière pour mieux contempler la Lune.

Première claque avec « Tough Man ». Il est impossible de ne pas penser à Syd Matters, à cette manière de jouer avec l’acoustique dans un univers électronique, pour progressivement l’emmener dans des terrains plus escarpés à une vitesse plus marquée. Un « Tough Man » à la peau fragile

Avec « Shimmer », « i’ve heard like a whisper Grazing my nape » tout est dit, tout est résumé, ce titre a la séduction évidente, laisse perler des sueurs froides. Une plongée vertigineuse dans un inconnu à l’ombre inquiétante. 

« Tiny Lucy » sera là pour nous avec son chant presque en enfantin, comme une ritournelle que l’on chanterait assis sur le rebord d’une fenêtre un soir de pleine Lune. Comme un appel que l’on sait sans réponse, mais que l’on fait pour conjurer quelque chose. Il y a une fragilité intense dans ce morceau, une folk song que l’on se passerait uniquement par l’oral, ne pouvant graver dans un marbre, de peur d’y voir se dessiner autre chose.

Sur « Spaces » ballade monumentale. Véronique Lechat s’y fait de plus en plus prégnante, sensuelle, la guitare de Julien Omé de plus en plus attirante. Il y a quelque chose de shamanique sans les boucles dans ce titre. C’est un aimant irrésistible, un escalier invisible vers cet astre de la nuit. Julien est là pour accompagner nos premiers pas, « My boots are heavy - lights are about to shine » . Imparable, qui fera passer « Let Me » pour un titre de Blonde Redhead enregistré dans une grotte. 

Quand il s’agira de lumiére (And a Light) c’est Boris Bloublil expert des lueurs de Dominique A qui nous ravira à la batterie, un titre qui semble se laisser porter au gré des courants solaires, prenant des temps de pauses.

Pour les trois derniers titres Moonkiddo reçoit un adoubement stellaire, une convocation à la table des plus grands.

« Some Heroes » folk lumineuse qui semble rencontrer un autre magicien, Sufjan Stevens, avec cette même facilité à ne pas surjouer la production. Ou comment frôler le remarquable. Puis « Venus », à chanter un soir de lune brumeuse au Bang Bang Bar, et enfin « Night is Over » chanson de fin et son clin d’œil évident au « Runeii » de Talk Talk dans son introduction.

Solaire hommage à la Lune, à moins que les ombres ne soient que la partie la plus immergée d’un univers que Véronique Lechat et Julien Omé construisent via de multiples strates mélancoliques, avec le secret espoir d’apprivoiser la lumière parfaite, celle de la face cachée de cet astre que nous appelons de la nuit. Chef d’œuvre.




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