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Je sais que l’expression n’est pas très heureuse quand elle est employée au sujet d’une femme, mais là c’est un trio de trois bonhommes. Donc allons-y droit comme une fulgurance mbapesque dans une défense de plots, Dalton n’est pas à proprement parler un groupe perdreau de l’année. Leur histoire est aussi longue que l’attente de Vianney avant d’écrire une bonne chanson, avec des tourments et des accidents faisant passer une sortie de route de Vatanen pour une cabriole un rien surfaite. Si le s a disparu (premières apparitions discographiques en quatuor sous le nom des Daltons), ce n’est pas en alignant les soustractions que le trio est de retour, mais détonateur d’une envie de rock à part, de musique pas comme les autres comme nous disions dans les années 90 et que nous aimons encore employer en 2023 histoires de refaire notre plumage, car dans le règne des bêtes à plumes, l’étiquette du perdreau nous sied à merveille.

Patrick Williams, JB Kiwiboy et Constant Popot, avec Soleil Orange, ne font pas dans le combat d’arrière-garde. Certes, ils préfèrent s’envoler dans les mêmes territoires nuageux que The Fall, Sonic Youth (Les éblouissements, et son clin d’œil au Thugs) ou Television, mais ce n’est pas pour autant en se cachant du regard presque condescendant d’une jeunesse qui se persuade d’être triomphante et gagnante en mastiquant des mets déjà déglutis plusieurs fois. Dalton c’est un rock taillé à la serpette, une électro sèche comme une repartie d’Élisabeth Borne (Laure, chanson au phrasé qui n’est pas sans nous rappeler le Jean Thooris trop rare de Summer) une rythmique qui donne au corps ses vitamines, pour un concours d’épilepsie rieuse, crâneuse et joueuse. Et puis il y a les textes, d’une fraîcheur renvoyant la cohorte de soit disant scène lettrée subventionnée à ses demandes de subventions pour leur prochain disque sur un marais dans le vercors (qu’ils écoutent Station Total et comprennent que la recherche n’est pas ici une vue de l’esprit, mais une véritable quette de l’objet littéraire nouveau). La plume est sèche et inquiétante, comme pouvait l’être un film de Quentin Dupieux d’avant l’overdose (Connexion, ou la traversée de Paris par le prisme de la nouvelle chaîne au boulet) . Vous pensiez ne jamais avoir une goutte de sueur couler sur votre front dégarni pour une histoire de Pull Sans Manches, et bien Dalton réussi la prouesse (soulignons la passion que le groupe porte pour les habits, et surtout ceux en laine). Vous passionner sur des histoires d’amour possibles pendant les Cours de Poterie ou de Yoga. Accepter les déviances automobiles (160), et j’en passe, tant les 12 morceaux sont autant de raison de chanter du Joe Dassin pour sonner le rassemblement.

Cousin des Little Rabbits de La Grande Musique, Dalton l’est aussi d’une école ou le dogme n’est pas aussi serré que chez un Danois aux idées folles, mais répond à un besoin de s’absoudre d’une maladie de notre société contemporaine speedée, l’ennuie. Voyez en Soleil Orange, le shoot offert par un oiseau voyageur, circonscrit certes à la ville de l’amour et du hasard, mais détonateur d’une nouvelle jeunesse. Un aliment pour vos teints blafards, prenez Soleil Orange. Addiction.




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