Étonnant opus que The Universe Is Black, publié deux ans après l’inaugural Blood par le label suisse Irascible Records (Delia Meshlir, Cori Nora, Ella Ronen), tant les références y sont à la fois perceptibles et entremêlées et brouillent les pistes et rappellent – toute proportion gardée – l’éclectisme hautement rafraîchissant de groupes tels que Noisettes et The Dø. La chanteuse violoncelliste Larissa Rapold et le multi-instrumentiste (mais surtout excellent guitariste) Giovanni Vicari s’en donnent à cœur joie sur les dix titres, enregistrés l’année dernière à Bâle au Tiny Horses Studio, d’un The Universe Is Black plus analogique et électrifié que son prédécesseur. Ce disque est carrément désaltérant, même si les compositions du duo n’excluent pas mélancolie et questionnements socio-métaphysique : pincée de baggy rock (Bones), soupçon de psychédélisme (la guitare en open tuning de Society), virée sur les terres de Liz Phair (There Is No Thing, et sa montée finale), ballade aux accents jazzy sur laquelle virevolte la voix agile de Larissa (Dreams), lancinante et planante complainte en ternaire (You’re Not Gonna Ruin My Day) ou encore trip hop mâtiné de garage (Something), le moins que l’on puisse dire, c’est que Malummí maîtrise l’art du crossover, leurs compositions ayant pour dénominateur commun – au-delà d’une production ligne claire parfaite pour ce genre de registre hybride – une lisibilité pop, à la lisière du mainstream, qui les rend très attachantes. En ce sens, The Universe Is Black est un album cocon, dans lequel on se sent immédiatement à l’aise, qui se termine par l’émouvant Diver, chanté par Giovanni : Malummí sait tout faire et le fait très bien, on les suivra désormais avec attention.