« Je dédie « Gardien de Musée » à mon professeur de Chansons, Hubert Mounier ». Cette phrase dans les remerciements du premier album de David Scrima, est comme une légion d’honneur estimable que l’on peut être fier de porter, car nul ne devrait résister à l’œuvre de l’Affaire Louis Trio et de son leader. Comme Hubert, David Scrima est illustrateur, cumulant en plus le beau métier de gardien de musée (le titre s’explique.). C’est lui qui il y a trente ans (car David Scrima publie son premier album, du haut de ses 52 ans) lui mettra les pieds à l’étrier, avec comme succès principal, « Les Limites » pour le chevelu Julien Doré. C’est un autre musicien qui va lui faire franchir un cap avec cet album. Mark Daumail de Cocoon, va l’inciter à faire le tri dans 260 chansons endormies dans un cahier, et qui ne demandaient qu’à éclore. Il en résulte dix titres, entre mélancolie, tendresse, écologisme taquin, dans une lignée qui irait d’Alain Souchon à Mathieu Boogaerts (Le Sublime et la science des allitérations) en passant par Florent Marchet. Pourtant, le fruit de différentes phases d’écriture sur plusieurs années, le disque garde un fil conducteur, même si la teinture de certaines semble les fixer sur la frise chronologique (l’indie pop américaine qui squattait les collèges radios sur La vie Sauvage). Touchant (jusqu’au cinglant et On Va Tous Mourir qui s’il rend hommage à un très cher disparu, donne des sueurs froides à Bryan Johnson) ce disque français labyrinthe fait du bien (oxymore disque français qui fait du bien ?). N’oubliant pas l’ironie mordante en compagnie de Cocoon (Cbi1fé sous l’ombre de Johnny Cash) et le science de l’observation (Gardien de musée) à la diction renvoyant à ses études un chanteur à la mode sucette dans la bouche. Comme quoi il n’est jamais trop tard pour se jeter à l’eau, pour peu qu’un capitaine sur un bateau mouillant non loin de l’archipel des Filles de la Chance, lui tende la main, avec sur l’avant-bras droit un tatouage disant « On a qu’une seule vie ». Le très bon côté des choses.