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MGMT , dans mon imaginaire collectif (oui, je suis plusieurs), c’est avant toute chose l’irrésistible Kids, sommet de l’album Oracular Spectacular, paru en 2007. Chanson concise, acide, groovy et mélancolique que, par snobisme ou lassitude, le duo – formé à Middletown par Andrew VanWyngarden et Benjamin Goldwasser – a durant un certain temps reniée, au point de ne plus la jouer en concert, ou seulement dans une version décousue, et que s’accapara en toute illégalité l’UMP, pour égayer meetings politiques et autres délires promotionnels. Résultat, à chaque fois que, dans un teen movie ou un jeu vidéo de football, j’entends Kids, le visage so viril de Nicolas Sarkozy m’apparaît. Franchement perturbant, d’autant plus qu’on ne peut pas faire plus antinomique  : Kids évoque du point de vue de l’enfance la laideur d’un monde sans complexes, ce qu’incarne à juste titre – lui et l’ensemble de ses congénères dégénérés – notre ancien président. Toujours est-il qu’au lieu de s’atteler à pondre une rafale de mini tubes électro pop (outre Kids, je pense à Time To Pretend), les MGMT ont préféré s’aventurer dans un psychédélisme moins évident mais, à leurs yeux, artistiquement parlant, peut-être plus enrichissant, même si leur quatrième opus, Little Dark Age (2018), teinté de new wave 80s, marquait un retour vers des formats plus accessibles. Alors, sachant que Christine and the Queens est de la partie, qu’attendre du nouveau disque de MGMT : contre-pied, pied-de-nez, casse-pied, ou prendre son pied ? Après une courte et anecdotique introduction (Loss Of Life part 2), la luxuriante ballade Mother Nature ouvre le bal, portée par des guitares contrastées - ligne claire à la Savage Garden (argh), brouillard shoegaze 90s, solo électrique baveux - et une mélodie britpop à souhait, se terminant par un fade out plutôt moche ; étrange, surtout pour un single supposé appuyer la sortie de Loss Of Life. Plus loin, Héloïse Adélaïde Letissier pose son chant sur le très dispensable slow cost Dancing In Babylon, piano variétoche (Lionel Ritchie) et batterie lourdingue (Phil Collins), qui sans peine trouverait sa place sur la bande son de Dirty Dancing, malgré une fin qui se veut en vain plus enlevée. People In The Streets enfonce le clou (rouillé) : production ciselée mais plate, tempo lent à mourir d’ennui, sonorités cheap, tricks convenus, on est bien dans le pire de la musique à papa des 80s, l’eldorado fantasmagorique des possesseurs de chaîne hi-fi haut de gamme – les vomitifs soli conclusifs me donneront raison. Lundi 1er avril 2024, tout seul dans mon salon, je m’inflige un canular musical. Certes, le sympathique Bubblegum Dog, entre David Bowie (la théâtralité) et Dinosaur Jr. (la coolitude fuzz), atténue ma souffrance, avant que le folk trafiqué de Nothing To Declare, chassant sur les terres de Simon & Garfunkel et d’Elliott Smith, ne m’arrache un soupir de soulagement, c’est léger, touchant et joliment spleenesque, tout n’est pas perdu. Mouais. Pas certain : dans une veine psychédélique lounge, l’interminable Nothing Changes et ses cuivres éclatants, le nébuleux et sans colonne vertébrale Phradie’s Song et le mollasson I Wish I Was Joking (retour au pire des 80s) ennuient, fatiguent, endorment, et ce n’est pas le bouche trou conclusif Loss Of Life qui sauvera les meubles. Deux chansons correctes sur les dix titres que proposent le nouvel et cinquième album de MGMT, ça fait peu, non ? En résumé : prendre son pied, trop rarement ; contre-pied, à priori non, Loss Of Life démontre surtout une absence d’inspiration ; pied-de-nez, pourquoi pas (I Wish I Was Joking serait-il un aveu crypté ?) ; casse-pied, oh oui, et c’est bien dommage, même s’il faut admettre que les attentes concernant MGMT étaient plutôt réduites. Je passe mon tour.




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