Je ne sais pas si les trois membres du groupe Monteceneri sont adeptes des treks ou de la rando en montagne, mais l’immobilité pendant la période de confinement a indubitablement eu un impact sur leur musique quand il s’est agi de reprendre le chemin du studio. Call Of The void (et sa basse ouvrant le chemin dans une tempête à des guitares solaires et pleine d’espoir), premier titre de ce EP, est le premier fruit de cette sclérose obligatoire. Influencés, qu’ils sont par Massive Attack, Pink Floyd ou le post rock naissant des années 90, le groupe a trouvé dans ce chaos autant extérieur qu’intérieur, l’occasion de respirer dans les mêmes hauteurs, quitte à prendre le risque de perdre son souffle. Ce n’est pas de changement de guitariste (Pask) en 2024 qui aura entamé la vivacité du groupe emmené par Markus Sotto Corona. On sent une mélancolie expressive (PSKNSS, Mogwai sur une autoroute perdue) s’émanciper d’une tension toujours rentrée, même si l’arc s’autorise à expédier des flèches (Paul’s Holy Hands) non pas dans une pulsion belliqueuse, mais dans une aspiration à chercher le geste auguste mais pas écrasant. Arpèges claires, rythmique subtilement jazzy, toujours dans une atmosphère de fin de col, entre soleil inondant et brume soudaine enlevant toutes velléités brusques au profit d’une exploration minutieuse (Palm Hero) tel un laborantin en quête de la solution ultime même dans l’obscurité (l’obscurantisme ?).
Quatre titres, comme quatre ouvertures hautes en sons, mais aussi en couleur, jouant avec toutes les cordes, comme un alpiniste donnant à celles-ci tout le poids de sa vie. Une dystopie plus forte que la vraie vie ou la définition ultime du chaos.