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  • 10 janvier 2007 /
    Radiohead
    “kid a”

    rédigé par gdo
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Le moins que l’on puisse dire c’est que ce nouvel album de radiohead était l’objet des supputations les plus folles. On parlait d’un album totalement électronique. On nous annonçait que radiohead aurait construit son nouveau disque autour d’un feu de joie allumé par des guitares devenues obsolètes. Pas de clips pas de single, kid a devait être cet objet unique se suffisant à lui même, et par la même le paravent d’une carrière en constante expansion. Le livret accompagnant le disque devait être notre guide. Les paysages sortis des neurones d’un ordinateur altéré nous faisait rentrer dans l’univers de radiohead. Everything in it’s right place ouvre le disque. Symptomatique d’un changement, la guitare n’ouvre pas ce nouvel album. Une suite de collage de mots perçant un orgue parasité par des échos mystérieux. Survol d’une aire pixélisée sous des nappes de synthé, vers la lumière. Quelque chose vient de se passer. Sur Kid A, le groupe est dans un abysse. Un appel étouffé sort à peine de ce gouffre sonore. Le groupe prisonnier dans la télé de come to daddy, cherche la liberté dans l’enfermement. Le monstre sortira de sa boite pour national anthem. National Anthem est un retour aux sources, mais celles ci regorgent de nouveaux habitants. Une dérive vers le jazz, un Mark Hollis énervé sur un flot de basses chavirantes, une idée des derniers jours. Après ce monument, how to disappear completely s’immisce, ballade pas si traditionnelle que cela. La rage habituelle en fin de morceau, fait place à un apaisement. Radiohead trouve sa route et joue sur celle ci tout en avançant. Après ce véritable choc, treefingers cache derrière son aspect de remplissage sonore, un entracte nécessaire volé à Labradford. Optimistic quant à lui sonne le retour des guitares. On imagine aisément Thom, le sourire en coin, sonnant le rassemblement aveugle vers le grand saut vers le néant. Tout le monde va sourire, les premiers seront servis. Une plongée apocalyptique vers In Limbo sans réelle passerelle. In Limbo éclate son bonheur via la voix de Thom. Le groupe affiche dans une communion rare, le sentiment innérant au retour des grands voyageurs. Si l’atmosphère se réchauffait, idioteque se présente, froid, syncopé, désertique. Radiohead singe Aphex Twin devant un miroir déformant, non loin d’un oasis asséché du nom de morning bell progressivement ré alimenté, l’arrivée des nuages au rythme d’un cheval famélique au galot. Si motion picture soundtrack termine cet album il aurait pu tout aussi bien le commencer. Un orgue surpuissant rejoint par des cordes voluptueuses annoncent une suite prochaine, car oui radiohead n’est pas ce groupe s’épuisant vers une voie de garage pré-programmé par des ustensiles trop bien aiguisés. Radiohead s’impose naturellement avant de se voir imposer, le groupe va où il veut sans entendre les sirènes d’une mode éphémère. Si Kid A est tout sauf une planche de surf c’est avant tout parce qu’il englobe au sein même de son supposé inachèvement la notion d’éternité. Ce disque d’une réalité quasi ascétique l’emporte devant la perplexité conditionnée face à un changement de direction. Chef d’œuvre.