Merry me et Forget about 8 est un regroupement de 33 chansons couvrant une période allant de 1995 à 2003 mais aurait très bien pu être une nouvelle anthologie du folk américain trouvée dans une vieille malle au fin fond d’un grenier poussiéreux. Ermin prigent est entre un Daniel johnston sans la folie et un neil young débranché de ses chevaux de course et vivant dans une seule pièce alimenté de pain sec et d’eau. A l’écoute de Merry me (disque se tenant mieux que forget about 8) il est impossible de ne pas penser à will odham, à ces vieux disques de folk grésillant, à cette odeur humide mais pleine de souvenir de nos cassettes de concerts enregistrés dans des pubs paumés dans les contrées irlandaises. Au détour de ces titres on peut tomber sur un quasi traditionnel (rounds and squares), une pépite du fin fond d’un livre d’histoires infantiles (she’s the ghost), ou encore ce genre de chanson que l’on délivre à un auditoire au coin d’un feu, un gros pull sur le dos et un vin en fut de chêne à porté de lèvre Merry me (melanie or fame). Forget about me regroupant des titres sur une frise chronologique large perd de cette fragilité au sein d’un groupe cachant les nervures de ses compositions. Perfect teeth laissera l’impression d’un chant sur une bande sortie d’un lucky luke poussiéreux. Manque plus que les sabots sur le parquet. On retiendra dans le même ordre d’idée Here comes china franche deconnade de fin de bal entre les pogues et un groupe de travellers, ou encore If u don’t know, un claquement de doigt de bonheur sur la tombe des la’s. La jointure se fera sur I hat horse, réussite magnifique à mettre la peau à vif. Un vrai livre d’histoire sans artifice ni coup en traître. Une anomalie anachronique mais indispensable. Magnifique.