> Critiques > Autoproduits



Cet album possède le même pouvoir émotionnel et d’évocation que, par exemple, une rondelle signée Sigur Ros ou Portishead. La voix, paisible, rêveuse et cotonneuse, aérienne, surfe sur des sonorités tissant des climats uniques, très personnels, desquels émergent parfois une douce saturation , comme sur le superbe " You and me ", climats enjolivés par des beats électro, que l’on peut trouver par exemple sur " Minuit " qui ouvre cette " dream factory " d’album. Sur ce titre introductif, on sent poindre cette saturation. Elle enfle mais jamais n’explose, rejoignant en cela certains titres du génial " Takk " des dieux islandais, ce qui est également le cas sur " Toi dans mes sens ", la voix rappelant ici PJ Harvey et la trame sonore élaborée se hissant sans effort au niveau de certaines compos de la fermière du Dorset, tout en gardant la splendeur du post-rock. Un post-rock sur lequel auraient déteint quelques petites touches électro et quelques petites pointes shoegaze du meilleur effet, tout en retenue. De multiples trouvailles sonores viennent enrichir et magnifier le tableau, en atteste le morceau suivant, " Space one ", superbe de fragilité, qu’on sent sur le point de rompre mais qui tient comme par miracle en équilibre, soutenu par cet enrobage sonore de toute beauté, parfait complément de cette voix aussi belle que frêle. Sur " Nocturne " qui suit ces quatre merveilles sonores, notre rêverie, notre voyage se poursuit, s’intensifie même, le texte en français, superbe, venant s’adjoindre aux sonorités enveloppant le morceau, ce qui nous donne un morceau que Beth Gibbons aurait été loin de renier. Sur " Tears in your smile ", on pense cette fois à My Bloody Valentine ou à Mazzy Star, le climat brumeux et le doux excès des guitares évoquant ces deux références, " Ce corps " ramenant ensuite une certaine quiétude, une certaine légèreté qui contraste avec l’atmosphère menaçante du morceau précédent. Car Aube et Clotilde, c’est, outre la beauté des morceaux, cette capacité à composer dans différents registres, à parcourir un spectre musical ayant pour base l’émotion dans toute sa pureté, toute son intensité, pour la décliner sous toutes les formes possibles. C’est ce que montre, avec brio, le reste du disque, entre ce " I’m alone " drapé dans de cordes majestueuses, " Trois heures d’un matin " doucement perturbé par des percussions auxquelles se joignent des bruitages savamment distillés, le tout à l’unisson d’une voix décidément enchanteresse. Puis pour finir, " Il y a longtemps ", qui nous plonge définitivement dans cette délicieuse torpeur, s’étirant magnifiquement, sous-tendu par les sonorités déployées mais gardant sa sérénité, et " Under the stars ", le bien-nommé, qui nous emmène haut, très haut, sous les étoiles justement, et s’impose logiquement et justement comme le point d’orgue, le point culminant de cet album indispensable, à peine troublé par une petite envolée sur sa fin. Et passé ces onze titres dignes des plus grands, mais profondément personnels et uniquement dus au talent des deux complices, on ne veut plus redescendre ; on flotte, en état de léthargie avancée, dans un bonheur teinté de mélancolie que rien ne peut venir troubler. Un album qui se vit, s’écoute presque religieusement, et , avec Kwoon, l’un des plus belles œuvres qu’il nous ait été donné d’entendre ces derniers temps, en France, dans ce créneau musical. Epoustouflant .




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.