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J’estime Vincent d’ADA. Je lis ses chroniques, comme toutes celles des membres de l’équipe. J’apprécie sa manière d’appréhender les disques qui croisent sa route : il paraît très concerné et à la fois capable du détachement de celui qui prend un plaisir simple à l’écoute de la musique qu’il affectionne. En tout état de cause, la lecture de ses chroniques éveille mon intérêt pour l’artiste ou déclenche un désir impérieux de me procurer l’album dont il est question. Qu’il se rassure je ne cherche pas à le pécho comme on dit dans les cours de lycées : d’abord je tremble à l’idée que la Lozère produise les mêmes effets sur moi que l’Auvergne sur Murat ; ensuite ma copine m’impose l’exclusivité de mes sentiments amoureux.

Revenons à la chronique. Quand Vinz (tu permets que je t’appelle Vinz ?) écrit que Dolldrums s’avance comme l’un des disques essentiels de l’année, je le crois. Sans arrière-pensée. Je connais peu cet album. Quelques titres ici ou là dont celui qui figure sur notre compilation et qui me plaît. Le temps me manquait et me manque, le courage aussi à l’idée de devoir affronter un disque que je pressentais difficile. J’en suis donc resté là : la chronique de Vinz et d’autres et l’écoute de quelques titres. Dès lors à la réception de Worn Copy aucune idée préconçue, aucun sentiment particulier ne m’animaient.

J’ai écouté ce disque. Une fois en vacances, une fois dans ma chambre au casque, plusieurs fois dans mon salon. Je vis avec celle que j’aime ou plutôt nous vivons ensemble. Elle paie une part du loyer. A ce titre elle a toute légitimité à me demander de cesser de jouer Worn Copy. Au titre d’individu doué de la faculté de raisonner, elle peut également s’interroger sur ma volonté d’écouter ce foutoir rock-pop-funk-folk-ou-je-ne-sais-quoi-lo-fi-cache-misère. Je ne connais pas la réponse. J’ai joué ce disque chez moi parce que je le lui dois mais franchement dieu que cette expérience s’est révélée pénible. Pardonnez-moi mais ce disque est inécoutable. Comprenez que l’orientation lo-fi choisie ne permet pas d’entendre distinctement les morceaux. Je ne réclame pas le confort de l’écoute mais le terme lo-fi devrait désigner moins un choix artistique qu’un manque de moyens et de technicité dont l’artiste cherche finalement à s’affranchir dès qu’il peut. Il me semble. J’aime Sebadoh, j’aime Beat Happening. J’entends ce qui s’y crée. J’y prends du plaisir. Pas dans le cas de Worn Copy.

Ariel Pink se rêve tout à la fois en Prince, en leader d’Amon Duul ou en membre des Cure. Ariel Pink se branle sur son manche étouffé par la contradiction de ses désirs : jouer au bal de fin d’année et composer quelques tubes dansants pour pouvoir poser ses lèvres sur celle d’une des Cheerleaders de son lycée ("Immune To Emotion ") ou continuer d’incarner l’outkast réfugié dans la quiétude de sa chambre, celui qui compose de petites scènes d’exposition de l’intime, touchantes et torturées (" Crybaby ", " Life in L.A. ") ? Mais Ariel Pink prend peur à lidée d’une altération de sa personnalité singulière une fois la glissade dans le mainstream entérinée. Son disque hésite donc. Comment alors emporterait-il l’adhésion de l’auditeur ?

Cet album ne m’intéresse pas. De là à écrire qu’il n’est pas bon… Disons plutôt que la fragilité de ma culture musicale, mon sens esthétique et musical branlant et surtout mon incapacité crasse à saisir le génie avant-gardiste de Worn Copy me contraignent à rendre les armes devant cet album. En vous remerciant. Merde un copyright existe sur l’expression je crois… .




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