Depuis que Will Oldham dépose ses disques chez les disquaires comme des lettres payantes que nous irions chercher chez le facteur, j’ai dû vider un PEL et mon CODEVI donne des signes de faiblesse. Plus rapide que Buzz l’éclair, plus prolixe que Woody Allen et Clint Eastwood réunis, Will Oldham pourrait à lui seul sauver l’industrie du disque, encore faudrait il qu’il soit reconnu partout à la hauteur de son talent. Il n’empêche, malgré l’admiration que je porte au petit blondinet devenu chauve et barbu, le garçon pousse le bouchon peut être loin, alignant album, live, best of histoire, certes toujours avec une légitimité artistique. Will ressemble de plus en plus à un personnage orwélliens qui lutterait contre une méchante mémoire universelle qui tendrait à l’effacer si il ne bougeait pas. On connaît des artistes soumis à ce sortilège dont nous ne plaindrons pas le sort, mais Will peut rester tranquille et prendre au moins trois semaines sabbatiques son auditoire est assez vaste pour patienter sans perdre le fil. Live enregistré à Manchester, « is it the sea ? » est une rencontre banale avec le maître, sortant d’un plan plan magistral avec la chanson titre, véritable plongée abyssale, comme si Will se laissait happer par le fond des mers, pour une ultime descente. Titre magistral qui cache mal une petite déception. Enfin entendre un morceau de l’affolant « erase therfore » nous consolera à peine de l’écoute d’un « new Partner » tout juste bon à illustrer une soirée chez Buffalo grill. Will en voyant en la mer sa maison (le somptueux « my home is the sea »), donne un indice, la tasse a été bue. A la bourse ce disque ne pèsera pas lourd, mais l’action est toujours très haute. Will prend le large.