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Après deux premiers albums, comme deux faux jumeaux « Matricule » & « Micro Sainte », qui m’avaient valu de parler de cathédrale dans laquelle nous avions peur de voir le groupe se faire enterrer, Rome Buyce Night nous revient plus fort. Dans cette cathédrale le groupe a probablement ouvert son esprit aux autres religions, ne croyant peut être plus totalement au post rock, ou de façon agnostique et empirique, ne le subissant plus, jouant avec.

« The Red Diag » donne le ton de la mue. Le Morceau est presque dansant, une transe post rockienne, comme si le grand soufi voyait en la guitare électrique, le moyen de mieux faire tourner notre âme. C’est plus dans les faubourgs du bouddhisme que « The Unite Scale Of Rock » promènera son aileron affûtée au son d’un digeridoo incantatoire semblant se promener sur une transe, ici beaucoup plus tranquille voir complètement calme, avant qu’une guitare tranchante comme un couteau de boucher, scrupuleusement aiguisé par un apprenti sorcier, vienne donner un sens à une apocalypse d’un genre nouveau, dicté par l’homme. S’éloignant du culte, RBN retourne à l’enfance, avec « The Foam Theater », titre choisi pour notre compilation. Il est comme le ballon qu’un enfant aurait lâché et qui, au gré des aspérités rebondirait, dirigeait qu’il est par le dénivelé. L’enfant serait cette guitare rageuse qui poursuivrait sans le moindre crash cette vessie partie pour ne jamais revenir. Cette balle se muera en « The Multiple Scale(s) Of Rock », morceau sans habillage, rouleau compresseur qui semble s’auto détruire sous nos yeux, une fuite en avant que le groupe sait inévitable, contre laquelle il n’oppose que leur propre déstructuration. C’est lourd, massif, nous sommes à ce moment là à la frontière du chaos. Après celui ci la reconstruction semble possible. Il est temps d’échafauder une recomposition, ici via un texte de Beckett tirée de « A Pièce Of Monologue / Solo ». Mais « Deux Millions Et Demi De Secondes" n’intrigue pas. Puis après ces batailles, ces ruines, ces aspirations religieuses qui conduiront à la fin, voici le moment de ressusciter sur un titre trop court, une virgule folk en boucle, comme le meilleure de Gastr Del Sol. On reprochera longtemps au groupe de ne pas avoir pousser ce titre à partir encore plus loin, tenant ici bien plus qu’une ritournelle, faisant de la fin le moyen de voir plus loin encore. Un disque comme une épopée biblique, un disque comme un testament nouveau, avant de prendre probablement une autre direction, un autre chaos. D’ici là succombez et prosternez vous