Si la discographie de Sexy Sushi pourrait, par son poids faire tomber votre étagère IKEA mal fixée, elle a probablement fait trembler les crucifix accrochés sur les murs de la maison de famille, terrassant tonton par là même tata Suzanne qui sortait de son troisième infarctus. Dés l’intro du nouvel opus de Silver (Mitch) & Warrior (Rebecca) il est dit que c’est le malin qui grandit en moi. La voix qui scande cela n’a pas la peur dans ses cordes vocales, mais aurait même une forme de jouissance face au malin qui rode.
Vous voilà prévenu ce disque a une portée satanique, mais satan ne serait pas celui des imageries populaires, il ressemblerait plus à celui de South Park qui se faisait sauter par Saddam Hussein. Utilisant la binarité la plus dépouillée comme rythmique, nos Sexy Sushi prolongent à l’infini le postulat de base qui a donné les fondations du duo. Rien ne devait durer, tout ne devait servir qu’à amuser la galerie, ou à lui faire peur. Digne descendant d’une scène française qui allait de Taxi Girl à Jacno, mais les Sexy Sushi n’ayant pas le sens de la révérence, sauf pour cogner le cul de celui qui fait la courbette, ils font de l’electro rock une balise à bouger aux grés de la montée des eaux. Mal élevé, loin des conventions, adeptes du foutage de tronche (Madonna n’entendra jamais parler des sexy, mais « Marin » est un bon coup de barre dans la tronche de la madonne version Mirwaïs, sans aucune complaisance). L’éducation mise à part, les freins que la culture judéo-chrétienne a finie par rendre comme une règle de vie républicaine explose ici. Comment ne pas adorer un groupe qui chante « meurs meurs Jean Pierre Pernaud », nous donnant la possibilité de danser sur la dépouille du malfaisant présentateur du jt le plus poujadiste de la cinquième république (pernaud doit vivre son apogée dans la culture populaire avec le roman de Houellebecq en plus).
Accrocheurs, et fondamentalement dans l’idée de faire bouger notre âme du mauvais côté, et nos corps vers la transe, les Sexy peuvent disposer des morceaux de bravoure. « Toute La Haine Qui M’incarne » va faire regretter à tout ceux qui ont acheté le premier album de Stromae de ne pas avoir économisé 15 euros. Morceau le plus terrifiant de ce disque, une danse macabre sur un terreau de violence. On pense à un Rachid Taha dans un trip suicidaire. Dans le même sillon, « la mort de la dame » donne un coup de flip hallucinant, comme une poursuite style pac man, la pixellisation comme contrainte supplémentaire à avec survie. La transe est proche.
De « love les tartes » à « dépêche toi », et plus généralement tout au long du disque, le duo fait allégeance à une économie de moyen, à un développement durable, même si celui ci doit se faire via la technique du brulis. Attention tout de même à ne pas vous trompez, « Cyril » n’est pas une plaisanterie, la queue du diable en donne le rythme.