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Les mauvaises langues de mon entourage vous direz que je suis fan du dernier Peter Kernel car le chat qui trône sur la pochette ressemble au ratier qui partage ma vie depuis plus de 12 ans. Sauf que ces mauvaises langues ne savent pas que ce son partage aussi ma vie depuis encore plus longtemps, peut être depuis qu’un soir, certainement en écoutant le retraité le plus désespéré du monde (Bernard come back), un morceau de Sonic Youth est passé du poste à mes oreilles, de mes oreilles à ma peau, de ma peau à mes lacets, mes chaussures, mon disquaire. Car cette musique vous passe de partout, elle vous chamboule, elle fait de votre corps le réceptacle d’une myriade d’émotions, souvent cachées par le son, mais avec de la patience tout arrive. Peter Kernel m’avait déjà pas mal dérangé avec « “How To Perform Music Fo A Funeral” » peut être l’un des meilleurs titres de ces dernières années pour un disque qui donnait des espoirs les plus fous. Sauf que les espoirs sont comme les promesses politiques, ils sont souvent sans suite. Sauf que le chat noir nous porte bonheur, et que les espoirs sont même dépassés, ratatinés comme une pâtée pour chat sous les pas convaincus de « Make, Love, Choose, Take », comme si les Pixies revenaient fringuants. Mais là où le groupe montre qu’il est dans la première division c’est avec l’enchainement de « Tide’s high : » et « Captain’s drunk ! » pièce musicale impressionnante devant autant au cinéma qu’à la littérature, bouleversant petit film rejoignant les meilleurs moments du Daydream Nation. L’histoire serait presque belle alors que l’on annonce la fin possible de Sonic Youth pour un problème de couple (dingue non !) le renouveau de la musique noisy pop à tendance expérimentale. Les atouts de Peter Kernel, un chant parfait entre rage, mélancolie et recherche de tension. Une structure rythmique qui sait aussi bien se balader dans les rues sombres des Liars que dans quelque chose de plus tranquille. Des guitares joueuses et tranchantes, et des compositions pour emballer le tout, à faire bouillir les premiers petits branleurs qui pensent que le bruit c’est comme la critique audiovisuelle, la science des premiers venus. Dépourvu de la moindre faute de gout, assoiffé par la plus petite parcelle de sons nouveaux de combinaisons nouvelles, Peter Kernel ne s’essouffle jamais, il serait même comme un cycliste dévalant les pentes d’un sommet, au milieu de la forêt, évitant les chutes, chatouillant les trajectoires épiques, sachant prendre de l’air quand c’est possible, rentrant en apnée quand la vitesse nécessite que l’on garde une concentration absolue. Alors je face à un tel disque, je suis comme face à la défaite de la France en 1982, comme face au succès de Coldplay, comme face au désintérêt de la beauté des choses simples, je ne comprends pas, et en l’occurrence pour ce disque, qu’il ne soit pas plus plébiscité. Un grand disque d ‘un super groupe. Miaouuuuuuuuu