Avec leurs lunettes ne répondant pas toujours à la géométrie des visages, et surtout avec ce sourire crispant et crispé, les cinq membres de My Ant n’éveillaient chez moi qu’un intérêt bien limité, d’autant que j’avais ma dose d’humour pour la journée, je venais de regarder l’adaptation télévisuelle de la première partie de la douleur de Marguerite Duras. L’euphorie était telle qu’un gag comme celui ci tombait à plat. Il faudra que le groupe s’inscrive pour le volume 25 pour j’y regarde de plus prêt, avec des lunettes se mariant à merveille à mon physique parfait. Et là, comme si j’avais été foudroyé par la puissance d’une baguette magique, mon visage s’ornait d’un sourire inhabituel, du même type que celui que les membres de My Ant étaient affligés sur la feuille de presse. C’est qu’elle donne bien la banane cette musique (banane était le mot contrainte pour cette chronique). Derrière des introductions folk le groupe attache des wagons pop/rock sans la moindre prise de tête, cherchant le moment agréable plutôt que les instants qui peuvent faire mal. Dans le cycle de la vie qui consiste par exemple à relier l’abeille à l’ours par le miel, My Ant a choisi sont camps. A trop vouloir voir ailleurs nous oublions ce qui nous est proche, et c’est toute la tonalité de ce disque doux, jamais amère, entrainant, jamais déplaisant, avec des chansons faites pour nos cous (« Lazy Song » provoquera à plus ou moins long terme une inflammation du promontoire de nos tête). Pas une faute de goût tout au long de ces 11 titres, de belles réussites même à l’image de « Goldfish » qui saura casser la quiétude presque obsédante, ou le Jules Vernien « Flying Saucer » que l’on parcourra avec la gourmandise d’un enfant tombant sur un de ces beaux livres en cuir. Une belle réussite pop/rock (« Missed My Chance » une perle parmi d’autres lorgne même vers le meilleur d’Arcade Fire) Alors quand je vous aurais dit que la suite arrivera dés Juin l’attente sera grande, et votre sourire tout neuf se crispera également. Une jolie rencontre.