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Chronique tardive pour un album initialement sorti en novembre 2012 mais que nous venons de découvrir (absolument) il y a quelques semaines à peine (inconcevable négligence). Pas grave : « Hanadasan » de Sol Hess And The Sympatik’s marquera autant l’actualité 2013 qu’il enthousiasma un grand nombre de chroniqueurs lors de sa parution. Avant d’aborder la musique des quatre bordelais (bien que le chanteur, Sol Hess, soit britannique), il faut préciser que le choc initial fut d’ordre… esthétique. Il y a en effet cette pochette, illustrée par la graphiste Laureline Mattiussi, qui montre deux couples revêtus de masques ancestraux en train de s’adonner à une amorce de partouze (jusqu’au sang). Tellement flippant et inquiétant que l’on se dit qu’un tel artwork doit ménager de sacrées surprises lorsque le CD (à défaut de vinyle) tournera pour la première fois sur la platine. C’est le cas : comme une sorte de cabaret sauvage oscillant entre un post-rock hargneux et un art du storytelling scandé par l’impressionnante voix de Sol Hess, « Hanadasan » est un disque qui s’apprivoise sur la longueur, un disque qui réussit à faire du bien tout en cherchant à constamment déstabiliser l’auditeur. Autant dire que plusieurs écoutes s’imposent d’elles-mêmes afin de convenablement saisir les changements de tons, les déflagrations imprévues, les rythmiques souvent fracassées qui donnent un aspect insaisissable à certaines compositions (les presque huit minutes apocalyptiques de « Hanadasan ») quand d’autres imposent l’alchimie du hit cousu d’or (« To Star in a Silent Movie »).

Ténébreux, le rock psychiatrique de Sol Hess And The Sympatik’s pourrait, à de nombreuses occasions, glisser vers une théâtralité trop forcée. Mais le groupe maîtrise suffisamment ses effets comme ses dérapages pour éviter la case Gérardmer, pour imposer l’évidence d’une musique qui ne connait pas le sens du mot facticité. C’est que, dans la lignée du Nick Cave de « Your Funeral My Trial » ou façon Smog période « Knock Knock » (avec quelques rasades synthétiques en bonus new-wave), « Hanadasan » est un album qui, bien que s’y décèle parfois quelques nappes ironiques, assume totalement sa portée dark, son aspect horrifique. Encore une fois, le chant très aéré, très libre de Sol Hess aide à prendre au sérieux l’ambiance décadente de ces neuf titres à la limite du confessionnal (mais avec Wes Craven en guise de prêtre). En phase avec la folie de David Byrne (un Byrne moins rigide, moins dépendant de la punchline), Sol Hess martyrise sa voix jusqu’à frôler les limites de la psychose (« Twinkle Twinkle Sparkleball »). Difficile de dire où se situe ici la part d’inventions, de délires contrôlés et de véritables lâcher prise, et au fond qu’importe : l’auditeur y croit, il y adhère.

Musique faussement tenue en laisse, faussement libre aussi, qui embrouille et convainc, qui dérange et fascine… Affaire à suivre.




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