« What happens when you lose everything ? You start all over again » chantaient Paul Smith et ses acolytes sur leur première (et meilleure) chanson, « Apply Some Pressure ». Nul doute que ce constat, Maxïmo Park dut sérieusement l’envisager au cours des dernières années. Car si le toujours aussi énergique « A Certain Trigger » imposa les britanniques sur la carte d’un rock aussi musclé que réfléchi, la suite ne combla guères les attentes. Pire que de sortir des mauvais disques, Maxïmo Park aligna ensuite trois albums assez boursouflés qui voyaient l’inspiration s’amoindrir à chaque nouvelle livraison. En 2014, notre côté d’amour pour le quintet de Newcastle frise ainsi le (presque) zéro. Et, personnellement, rien ne m’aurait incité à écouter ce cinquième album si, de façon hasardeuse, un premier single n’était venu titiller ma curiosité. « Brain Cells » est en effet une chanson qui colle instantanément aux tympans. Le groupe y évolue dans des contrées nouvelles et remise les guitares au placard : synthés inquiets, rythmique pop-dance évoquant The Beloved, chant humble et poignant (Paul Smith n’a jamais aussi bien étalé ses complaintes qu’ici)… Suffisant pour que l’on se décide à renouer contact avec Maxïmo Park.
« Too Much Information » débute pourtant de façon catastrophique : « Give, Get, Take » est un titre ramenard qui s’enlise dans des synthés idiots et une rythmique lourdingue. On craint alors l’album de trop, l’arrêt de mort définitif, l’adieu aux armes. La suite du disque affirme au contraire que « Give, Get, Take » n’est rien d’autre qu’une fausse entrée qui comblera les adeptes d’hymnes olympiques mais découragera les curieux. Car oui : « Too Much Information », si l’on excepte son titres d’ouverture et une ou deux poussées acnéiques, est un album délicat, épuré, romantique et touchant. A l’instar du Suede de « Dog Man Star », Maxïmo Park délaisse aujourd’hui les guitares mordantes pour des rythmiques soyeuses et soigneuses, des arpèges d’une belle finesse, un chant exemplaire car sans frime ni testostérone. On pense donc à The Beloved (« Leave This Island », « Is It True ») mais également aux Smiths (« Lydia, The Ink will Never Dry », « Where We’re Going ») ou même à Blouse (un aspect dream-pop plane sur la quasi intégralité des chansons).
Avec « Too Much Information », Maxïmo Park se réinvente en un curieux (et fort attachant) mélange d’indie-pop et de dance morose. Et s’il est trop tard pour que Paul Smith redevienne un ami sur qui compter, reconnaissons à Maxïmo Park une inspiration en partie retrouvée ainsi qu’une humilité qui lui scie à merveille.