Je vous vois venir, déjà quand je vais vous dire que je vais vous parler d’un songwriter qui s’accompagne seul à la guitare. Encore un énième folkeux qui tire les larmes comme un éleveur tire son lait, pour la grande consommation. Sauf que Petseleh ne tire pas les larmes avec une conviction que l’on pourrait soupçonner d’être aussi factice que le sourire d’un élu croisé deux semaines avant un scrutin municipal. Ce disque et ses dix morceaux respirent une sincérité que nous ne trouvions guère que chez des artistes comme Elliott Smith.
Vous allez me dire, tu la mesures comment la sincérité, et là je vous demanderai de jeter une oreille sur un titre comme « The night butterfly » qui renvoi Thom Yorke à ses chères études, ou encore « Bury/Shalom » messe intime qui serait sortie un jour de l’église dans laquelle Belle and Sébastian enregistraient leurs disques magnifiques.
L’autre risque de ce genre de disque, c’est la possible monotonie, rendre le temps aussi palpable que quand il nous arrive d’attendre un train qui semble perdu sur un rail fantôme. Chez Petseleh, pas d’attente, des rendez vous à chaque instant mémorables et charmants, d’une beauté et d’une douceur qui ne se peuvent se conjuguer qu’avec un profond respect avec ce temps que nous essayons de gagner et qu’au final nous perdons, mais pas ici.
Si un chemin pouvait s’ouvrir à Petseleh, il pourrait bien être parallèle à celui d’un Jonathan Morali, mais sa route est déjà belle. Un petit disque immense.