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Il est très compliqué d’écrire une chronique sur cette jeune femme sans s’attirer les foudres d’une grand partie du lectorat grandissant d’A Découvrir Absolument. Au mieux ce seront des ricanements portant une ironie piquante, mais comme je suis beau joueur, de circonstance. Au pire un déchainement proche de la curée à laquelle la famille de Felipe Scolari risque d’être confrontée si le papy ne décide pas de lui même de quitter l’équipe au maillot qui faisait pleurer d’émotion les fans de foot, plutôt que de honte depuis quelques temps.

J’avais eu mon émotion à la sortie du premier album de la belle (oui balayons d’entrée ce sujet, Lana del Rey est tout sauf un tromblon, elle a certainement des points d’avance chez point S, mais qu’importe, si elle est mieux dans son corps, qui viendra s’en plaindre ?), reprochant sa longueur, conseillant du fin fond de la campagne de raccourcir celui ci, le transformant en un gros EP qui pouvait être remarquable.

La sortie d’ « Ultraviolence » ne m’excitait guère plus que n’importe quelle grosse sortie, ce pan de la musique qui se vend par camion ayant depuis longtemps laissé la priorité chez moi à la musique que l’on essaye déjà de faire écouter avant même d’avoir l’idée de la vendre. Pas d’excitation, mais une curiosité, car l’univers, que toi, oui toi trouveras aussi factice qu’un sourire de François Copé lors d’une séance du tribunal des flagrants délires de l’UMP, cet univers presque lynchéen, un Lynch chez une Barbie au bord de la piscine avec un flingue et un sac de bonbon Haribo, celui ci me questionne. Oui je sais j’ai mieux à faire, un groupe hongrois fantastique qui reprend les morceaux de GYBE à l’envers et incluant des instruments locaux vient de sortir un disque étonnant, ou encore un jeune compositeur interprète luxembourgeois cri sa haine de la vente des tomates hors saison dans un disque d’une pureté et d’une intégrité faisant passer un ministre du budget et de la fraude fiscale pour un adepte des comptes offshores (mais cela n’arrive que dans les films).

Oui pourquoi Lana del Rey, quelle utilité d’en parler ici, cela ne lui fera pas vendre un disque de plus. Oui dans le fond c’est vrai, c’est même implacable...donc j’arrête…….stop……….et pis merde le geste d’écrire dans un webzine reste un truc gratuit, et truc presque épidermique, et la rencontre avec cette diva en plastique a la faculté de rendre mon épiderme réceptif, me donnant une frisson qui ne se démentira pas jusqu’au pathétique « The Othe Woman », sinon la rencontre aura lieu.

Son univers qui est probablement totalement factice (eh alors le cinéma c’est du lard ?) a la faculté de me faire passer un moment, oui un moment, bien défini, donnant un début et une fin à un lapse de temps que pas mal de disques auraient tout juste accompagné. Presque touchante, souvent intrigante, jouant parfois plus que chantant, Lana del Rey me fascine par son pouvoir d’attraction, ce qui me fait dire que derrière ce que beaucoup voient comme une supercherie quasi honteuse, moi je vois un disque probablement plus sincère et plus agréable, des chansons interprétées avec quelque chose en plus, mais jamais en trop, sur des orchestrations traçant des lignes d’évidences qui n’interdisent pas l’émotion.

« Ultraviolence » est un disque qu’il ne faut pas aimer en secret, car l’erreur est peut être là, ne plus avoir la force de parler de ce que l’on aime, de dire je t’aime à ceux que nous aimons, préférant les chemins de traverses en nous perdant dans un jusqu’au boutisme que nous portons fièrement, alors qu’au final il est juste le reflet d’une forme de confort intellectuel qui est le notre, une fainéantise qui nous fera finir dans une cave à écouter le disque du groupe hongrois qui se sera attaqué depuis à la discographie entière de Autechre. Pendant ce temps là Lana en aura peut être fini avec la musique, ou pas, quoiqu’il en soit elle aura gravé des moments qui permettent de sortir la tête des brumes étouffantes de nos petites manies précieuses et finalement pas très éloignés du reproche fait à la belle Lana. Ultraviolence des sentiments.