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Pour appréhender un album, parfois s’intéresser au label peut être une voie éclairante.

Alors que nous commençons l’écoute de ce septième album d’Adrian Crowley, cette intiative est elle pertinente ? Prend elle sens ? Mais qui donc soutient Adrian Crowley ?

Tiens tiens ... Chemikal Underground... Une petite recherche rapide sur Wikipédia finira de raviver les mémoires défaillantes...

Oh mais oui... Chemikal Underground... Le label par les regrettés Delgados... Ah oui... assez logique...

Tiens... Tiens... Arab Strap... Aidan Moffat... Oui ... Du sens...

Quoi de commun entre ces artistes aux univers distincts ? sans doute, cette volonté de banaliser le quotidien, d’en extraire la moelle anecdotique, de ronger l’os, de laisser les choses à nu.

Il en est ainsi d’Adrian Crowley que certains résumeraient trop rapidement à des proximités vocales avec Bill Callahan.

Musique de tension sous-jacente qui n’explose jamais vraiment. Construction habile autour des cordes, atmosphères fuyantes, routines insinuantes.

Musique de dépouillement comme des carcasses presque vides.

Il y a les notes bleues, les éléphants qui se rêveraient azur, les matines inégales... Quand la liturgies des heures perd confiance, quand les laudes dérivent en complies.

Quand les temples se vident, que les pensées pathétiques gonflent nos passions, il nous faut plus que jamais ces matins marine.

"Some Blue Morning" est dérive, incertitude comme une loi... Un grenier où l’on planque les étrangers incongrus.

Prendre le monocle pour se percevoir dans le regard de l’autre à la lumière de la fenêtre.

"Some Blue Morning" vous met dans ces états forcément intermédiaires, vous savez, où la lumière va s’éteindre, cet exact instant avant l’obscurité, cet exact entre deux, cette parfaite fusion de la clarté et de nos pénombres, ce symétrique partage des troubles et des évidences, cette commune parallèle entre la sérénité et la peur de l’instant d’après. Sans doute faut-il trouver là le vrai motif de rapprochement entre l’écossais et Bill Callahan ? Dans cette angoisse jamais éteinte, comme tapie, jamais vraiment en répit.

Il y a la force tranquille (Merci Tonton) et il y a l’angoisse sereine. Chez Adrian Crowley, il y a cette même épure transparente que celle de Nick Drake, autre influence reconnue et maîtrisée.

Parcourir les courants, rejoindre la marée montante, nager à perd-pieds, sentir la tasse salée qui vient désaltérer notre corps à bout de course...

Reprendre son souffle, du moins tenter, laisser la frustration de l’instant d’après que l’on ne vivra plus nous gagner.

Rire de ses silences, mordre sa langue, sentir la chair s’affaisser, boire un vin des ombres, taire le sauvage, Fermer ce qui doit être fermé dans notre poitrine.

Ne plus rien laisser sortir, laisser les distances gagner et nous submerger...Sortir le blâme de nos frustrations. Laisser au fond les traces ...

Redevenir invisible comme une encre qui s’efface, rejoindre le néant qui nous mérite, laisser les toiles nous envahir...Laisser le cri à la bordure des lèvres comme un chasseur qui a perdu le sens de la traque.

Etre solitaire à soi, choisir la sentence de ce qui se cache sous les pins, sous la vie, sous nos ridicules mensonges, sous nos ridicules défaillances, ne plus laisser entrer en soi les soirs à venir, les moments qui voudraient venir, les collisions.

Toujours préférer la silhouette des arbres à contre-jour qui s’endorment, toujours préférer les petits matins bleus, toujours préférer ces trophées, ces têtes tranchées d’animaux morts, toujours préférer la nausée, toujours préférer.

Toujours préférer le piège à la chute, toujours préférer les eaux stagnantes aux marais...

Toujours préférer le poreux au massif

Toujours préférer le rythme du vent à ce qui nous nuit....

Toujours préférer les lucioles

Toujours préférer les matins bleus




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