Sociologiquement parlant, nous n’avons pas fini de gloser sur les effets des différents confinements, de l’impact de ceux-ci sur nos vies, et sur vers quoi cela nous projette (à moins évidemment d’avoir la vue courte des gens aux bras tendus). Culturellement parlant, pas de changement à proprement parler. L’amicale des bas du front n’est pas parvenue à quitter les marécages boueux dans lesquels elle s’embourbe. Les profiteurs se sont goinfrés d’un air du temps, unique désodorisant de leur inspiration. Mais heureusement, il y a les groupes comme Hoorsees qui après un premier disque prometteur paru l’an dernier, a juste profité de ces périodes d’apathies générales pour continuer à tracer des sillons pour les vertigineux mélancoliques que nous sommes, arrimés aux pontons des iles Pavement ou Weezer, nous empêchant de chavirer dans les eaux hostiles de la médiocratie ambiante. Car « A Superior Athlete » sous son air d’en avoir qu’un, déploie, et pas seulement grâce au chant d’Alex, un paravent parfois épique (Week-End At Bernie’s) qui nous plongera dans une bourrasque jouissive. Hoorsees signe une suite de classique, qui s’impose à nous pour le meilleur et le....meilleur. Impossible de ne pas changer de voiture pour une décapotable afin de profiter de « Cream & Onion ». Difficile de ne pas convoquer un flash-mob en bas de chez vous pour partager une danse collective et poétique au son de « Jansfort ». Comment ne pas avoir la tête dans la Lune et les pieds dans un lac de mélancolie à l’écoute du tubesque « Memory’s Knife ». Deterer sa guitare electrique et remettre son t-shirt du « Hit Parade » du Wedding Present en écoutant « Blue Pants ». Ambitionner d’entonner à l’unisson dans un stade « A Superior Athlete » en battant tous les records du monde. Se lover sous le joug d’un « Real Estate » en regardant un coucher de soleil sur la mer. Ou pour finir s’autoriser « Tv In The Morning » tout en amplitude, pour un plaisir jamais régressif.

De l’artwork, le lettrage, du choix des titres et de la musique, Hoorsees réalise un sans-faute, sans aucune insolence.

Le meilleur groupe américain est français. Il ne sort pas d’une machine à remonter le temps, il vient du plus beau de nos rêves, celui de l’indie pop rock intellectuellement musclée. Pas un albatros, non un condor. Énorme.