Suivant l’expression consacré, le phœnix renait toujours de ses cendres, sauf peut être les maisons du même nom, qui elles ont une dlc plutôt basse et définitive. Mais l’architecture moderne et bon marchée n’est pas le propos, enfin pas celle bon marché. Car The Phoenix Foundation sont des architectes, plutôt influencés par Gaudi que par les recalés de la poésie qui empilent les Algeco pour en faire des immeubles du futur.
Ces néo-zélandais, qui nous offrent ce sixième album, semblent avoir construit sous nos oreilles ébahies, une structure musicale fantasque. Au commencement il y a « Mountain » qui est une randonnée sur un terrain tout aussi cabossé que le panorama offert peut être grandiose, ne faisant pas de concession à l’austérité pour mieux nous éblouir.
Vient alors « Bob Lennon John Dylan » chanson hilarante que le groupe pourrait reprendre à la façon d’un Jarvis Cocker un soir de remise d’un prix, sa foutant de la tronche de Bono venu recevoir son diplôme de sauveur du monde de la finance.
Puis « Playing Dead » qui est une cavalcade psychédélique, mille feuilles étonnant qui parvient à faire dialoguer des styles entre eux. De là à dire que les Néo-Zélandais pourraient devenir des émissaires de l’ONU pour régler les problèmes dans le monde, il n’y a qu’un pas.
Si « Prawn » nous promène dans une atmosphère cool, un hédonisme pop à la lumière éclatante, « Jason » est une évidente marche presque timide dans les pas d’un Krautrock nous conduisant vers un monde fait de fées hirsutes et de fleurs aux vertus apaisantes dans un premier temps, puis migraineuse. Un morceau presque kafkaïen.
« Celestial Bodies » est une anomalie étonnante dans cet univers qui pourrait nous faire penser à une parodie, avec ses râles dans l’hélium, sauf que on se laissera facilement prendre par celle ci. Alors que Silent Orb est une séance jazzy de surf à l’équilibre incertain, « Sunbed » sera la meilleur façon de finir les concerts en stade, car le groupe y va tout droit, amplifiant encore plus l’impact du son sur l’écriture.
Viendra au final, « Give Up Your Dreams », chanson qui pourrait continuer encore et encore, comme si les petites perceptions de Leibnitz étaient en fait l’œuvre d’un New Order frondant contre sa propre mythologie. Un titre qui pouvait clore le disque, plutôt que « Myth » et sa relative boursouflure (trop de synthés tuera la magie), morceau qui semble se suicider sous nos oreilles.
Fin Octobre le monde du rugby sera de nouveau sous la domination des All Blacks, et le monde de la musique pourrait bien chavirer pour The Phoenix Foundation.