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Vers la fin des années 90, le cinéaste américain Hal Hartley, après trois succès « indépendants », ressentit le besoin de désapprendre son art. C’est-à-dire : retrouver une virginité du regard, ne pas se laisser submerger par les attentes des uns et des autres, redevenir amateur (d’où, sous axe godardien, le titre du film qui suivit). Il semble que JL Prades, avec l’album Reversed, emprunte aujourd’hui une position similaire à celle du metteur en scène de The Umbelievable Truth. Loin de la sophistication des albums Imagho, loin du forcing labélisé, le musicien retourne à la plus naturelle des simplicités, comme pour mieux repartir vers d’autres horizons ou méandres : un homme, une guitare (électrique ou acoustique), aucun support physique, une distribution visuelle via YouTube, quasiment pas de mix… Cet album se décline en douze comptines n’excédant pas les trois minutes, en plan fixe (car l’image compte tout autant ici que la musique), à nu, sans superflu. Il y a du Tom Verlaine chez Jean-Louis (celui de Warm and Cool) : inspiration au feeling, refus de l’exercice virtuose, Coltrane joué à la guitare, la pensée dicte l’emplacement des doigts plutôt qu’elle ne s’emprisonne derrière le savoir (faire) technique. On ne parlera guère d’élans modestes tant JL Prades n’a jamais été (et ne sera jamais) le genre d’artistes qui cherche à prouver, démontrer et imposer. Plutôt de ressourcement, d’îlot paisible loin d’une époque qui tend malheureusement à justifier le succès d’un disque à son nombre de like et au buzz hebdomadaire. Reversed échappe à son temps, il nous ressemble donc un peu…




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