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Munie de ses chaussettes vintage et de ses modestes bitoniolélés, l’australienne Breanna, de passage, écrivait sa première chanson en français il y a quelques années, une dizaine, je ne sais pas, je compte plus. Ça causait des parties de Grand Theft Auto qui occupaient ses journées de touriste à Clermont-Ferrand (no comment), d’ennui donc, de la banalisation de la violence, de suicide et de ciel bleu, d’amour sans le faire exprès, avec une tendresse infinie, une fraîcheur assassine, avec un "érotisme grammatical sous-jacent" que je viens d’inventer faute de savoir décrire ce truc, et, semées dans un faux hasard, avec l’air d’y toucher, des formules aussi troublantes que "tu me tues avec tes mains toutes nues" ou "je suis mort mais c’est pas grave ».

L’écouter nous a donné mille fois le sourire (j’ai même tenté d’en faire une cover - un peu ratée je le concède), et guéri du même coup de l’embarras où pouvaient nous plonger les deux sempiternelles questions : "han mais pourquoi vous chantez en anglais ?" et "han mais pourquoi vous chantez en français ?" (le "han" est optionnel, mais quand même fréquent). "Je te tue" est écrite en poésie, par une éternelle allochtone d’utopie. Pas tant en FLE (français langue étrangère, coucou et bravo aux profs d’ailleurs) que : Être humain, langue étrangère. Ce qui n’est pas super adroit comme formule mais bon, ici c’est pas moi l’écrivain.

Le groupe de Breanna, Library Siesta, a sorti en novembre dernier l’album "Future haunts", rempli de chansons tristes transcendées par le rock’n’roll, d’histoires aussi désarmantes que moqueuses, qu’on peut écouter sur soundcloud ; le son est plus ambitieux, moins private joke, la démarche plus assurée que sur les précédents disques, et se met au service d’un songwriting qui sans perdre de son humour et de sa délicieuse nonchalance a gagné en maturité et en gravité.




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