Quand Erwan Pépiot m’a contacté pour un projet du nom de Somehow il m’a tout de suite précisé que nous nous étions croisés le temps d’une chronique d’un disque autoproduit sorti à l’époque sous son propre nom. Mais il n’avait pas à préciser cela, non pas que j’attendais de ses nouvelles aussi fébrilement que je peux en attendre de mon banquier, mais j’avais gardé un bon souvenir de "over the raindrops”.
Erwan Pépiot se cache donc sous le nom de Somehow dorénavant, accompagné qu’il est sur quelques titres par Aurélie Tremblay, contrepoids vocale indispensable sur certains titres, véritables touches irradiantes sous la pénombre des dix titres de ce « The desert of Wasted Time » (la chanson est l’exemple même de la nécessité évidente de ce contrepoids féminin). Car Erwan ne cache pas ses connexions musicales. Certes il y a le fait d’avoir une voix qui fera frissonner et tiquer les fans de Ian Curtis, mais Erwan n’est pas responsable de ce que la nature lui a donné. Mais Erwan est avant tout un fan de Joy Division, des Smiths, de New Order ou de Cure, et il disperse ca et là des lignes évidentes de convergences vers cette culture, parvenant à faire chanter Morrissey chez Cure, un Morrissey qui imiterait le chanteur des Inspiral Carpets (There’s a riot coming). Quand on entend Peter Hook démarrer un titre, ce n’est pas pour une reprise de Joy Division mais plutôt un titre qui flirt avec les Smiths, et tout l’album de Somehow est ainsi, mais avec une identité propre, ne tombant jamais dans la redite, la mauvaise copie.
Jamais totalement dark, nous mettant toujours dans un état d’éveil rare, car ces chansons sont un appel d’air pour nos amours passés, ce nouveau projet d’Erwan Pépiot (au passage aux commandes de l’ensemble des instruments) est un oasis, un ilot de mémoire vive et inspiratrice, dans ce désert d’un supposé temps perdu. A suivre absolument.