> Critiques > Labellisés



À ceux qui pensent encore que la virtualisation des rapports tue les rapports, je vais répondre Minor Victories.

À ceux qui pensent qu’internet a finalement éloigné les hommes, je vais répondre Minor Victories.

À ceux qui pensent que les super groupes sont des objets marketings dénués d’un vrai projet artistique, je vais répondre Minor Victories.

À ceux qui pensent encore que les courants, les cultures, les sensibilités ne peuvent se rencontrer pour donner naissance à quelque chose où chacun pourra retrouver une part de lui, je vais répondre Minor Victories.

À ceux qui pensent que l’idée de bruit extrême ne pourra qu’engendrer chaos, désordre et désastre musical, je vais répondre Minor Victories.

Je pourrais en ajouter des lignes et des lignes à cet inventaire des présuppositions, des conforts de pensée, des minauderies de gardien de caverne sans écho. Il serait tellement facile, tant cette rencontre avant tout virtuelle pouvait paraitre dénuée de la moindre touche d’humanité. Sauf qu’il faudrait être sourd, aveugle des oreilles oserais je dire pour ne pas crier presque au génie à l’écoute des 10 titres de ce disque. Jamais un disque a combiné des univers différents sans que le compromis finisse par écraser les sensibilités. Chaque protagoniste amène sa touche quand elle est nécessaire, laissant les histoires de pourcentage pour les bilans mercantiles des musiciens comptables.

« C’est un groupe » diront-ils via Skype. C’est un super groupe dirais je. C’est peut être le meilleur groupe du monde ajouterais je si il fallait classifier ce que ne l’est pas. Mais au fait, j’oubliais qui se cachent derrière Minor Victories ? Même si les évidences des teintes ne trompent pas sur certains participants, ils sont à inscrire en ce jour à l’ordre du mérite musical, celui de nous faire rêver encore. Justin Lockey guitariste chez Editors et instigateur du projet, un EP de bruit extrême. Rachel Goswell de Slowdive qui forte d’une reformation réussie s’offre avec ce disque la liberté d’être plus expressive, et c’est elle qui le dit. Stuart Braithwaite de Mogwai qui entrera un jour j’en suis persuadé au panthéon des musiciens, des compositeurs, au panthéon quoi. James Lockey ancien membre de BEF, et frère de Justin. Ajoutez à cela des contributions telles que celle de James Graham sur «  Scattered Ashes » ou encore du maitre Mark Kozelek amenant même un texte qu’il déclamera sur « For You Always ».

Conçu sans agenda, sans pression, ce disque respire l’excitation de la création nouvelle dans des conditions étonnantes. Sans quasiment ne jamais se croiser, les membres du groupe sont arrivés à donner une texture presque charnelle à une création en grande partie construite dans une forme de virtualité. Les 10 titres sentent à la fois l’humilité de chaque musicien amenant sa touche à la dose nécessaire, et la profondeur que le souffle des titres dégage (avec Scattered Ashes (Song For Richard) l’incroyable est du domaine du possible avec Minor Victories).

Inutile de vous donner des pistes de références, il y a celles des protagonistes qui en disent déjà long sur les possibles couleurs du disque. Inutile de chercher ailleurs trace d’un tel disque, sa construction hybride en fait un objet unique, sa réalisation une aventure grisante. Victoire majeure. Énorme.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.