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L’uberisation de la musique live passe t-elle par l’ordinateur ?

Ce soir, le FGO-Barbara nous offre un beau contraste pour répondre à cette question. En première partie de soirée, la prestation de Sheik Anorak. Un groupe ? Non, un homme seul, assis derrière sa batterie qui, une fois n’est pas coutume, est en front de scène. Un frontman caché derrière des fûts posés devant. Un paradoxe. L’autre étant que tout son concert repose sur des nappes de synthés pré enregistrées ou des boucles jouées à la guitare (pour de vrai, là), sur lesquelles Franck Garcia, l’homme qui se cache derrière l’alias du Sheik, enclenche sa batterie.

Ce serait peut-être acceptable si tout cela était au service d’un jeu de scène où de drums exceptionnel. Mais ce n’est pas le cas. Le dispositif est plutôt destiné à produire des chansons au format presque pop, si on excepte l’absence du repère couplet - refrain- couplet. Ajouté à cela, un chant éraillé vient parfaire une première partie dont nous regrettons juste l’absence d’autres musiciens qui auraient rendus l’expérience plus vivante et... live. Heureusement, des morceaux bien fagotés et un jeu de lumières bien foutu nous a permis de passer un bon moment. Mais tout de même, après 30 minutes de concert, nous avons plus eu l’impression d’assister à une répétition d’un musicien qui attend que son groupe arrive pour jouer pleinement...

En deuxième partie de soirée, mais en tête d’affiche, les Papier Tigre proposent un tout autre programme. A trois sur scène, aligné tout près du public, ils balancent la sauce d’entrée de jeu. Deux guitares très rock, une batterie puissante, un chant presque crié montrent que la présence de musiciens sur scène permet de faire des morceaux qui vont vite, montent tout de suite en force, et peuvent changer de rythme trois fois en quelques minutes (une des spécialités du groupe), sans que cela ne soit un problème. Bien au contraire ! Les morceaux sont puissants, le public peut voir que les musiciens prennent plaisir à jouer ensemble, à enchaîner les pirouettes, les ruptures, les chausses trappes dont ils se sortent toujours avec brio. La grosse centaine de présents ne s’y trompe pas, et bat la mesure avec la tête, le corps et les pieds. Jusqu’à plus soif. Comme quoi, la musique sans artifice, en direct, c’est tout de même drôlement mieux. Surtout si c’est du rock !



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