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Décidément, une semaine post goth. Après l’éclatant concert de Peter Murphy au 3 Clichy, c’est au tour d’And Also The Trees de convaincre une salle comble, ce dimanche 16 octobre, au Café de la Danse. Post goth ? Dans le cas du groupe mené par Simon Huw Jones et Justin Jones, l’étiquette s’affirme obsolète. Croisé avant le concert, Olivier Mellano (fan absolu) osait cette déclaration : « aujourd’hui, And Also The Trees ressemble aux Tindersticks et à Scott Walker… en mieux. » Et si Olivier avait raison ? Car lorsque Stuart Staples et son gang labourent, grosso modo, le même territoire depuis leur troisième album, et lorsque Scott Walker vire de plus en plus hermétique, And Also The Trees, lui, s’est progressivement délaissé des oripeaux 80’s pour n’en conserver que la clarté de l’écriture – Nick Cave en moins stylisé, Stuart Staples sans les automatismes.

Divisé en deux parties, le concert débute par une lente mise en place. Le duo And Also The Trees impose une ambiance, prend son temps, organise une montée limite architecturale. Les pièces d’un puzzle, acoustique et synthétique, s’assemblent jusqu’à l’explosion attendue (en presque formation complète). Ambiance théâtrale, chuchotement et apaisement. And Also The Trees, de nos jours : un jeune groupe qui tient en haleine, qui maîtrise parfaitement l’art du silence comme du soudain déploiement (Mark Hollis n’est pas loin).

En seconde partie, le groupe permet un voyage dans le temps pour les addicts se questionnant, face au vif du sujet, sur leur adolescence, leur jeunesse, sur le pourquoi aiment-ils toujours autant And Also The Trees. Il est rare que la vision du public en dise bien plus que le concert lui-même : et ce soir, à de nombreuses occasions, il était préférable d’observer les visages épanouis, interrogatifs, enfantins, d’une foule qui, probablement, venait de lier passé et présent.

Ce concert d’And Also The Trees permettait de faire un bilan de nos jeunes années, d’en tirer des conclusions revigorantes (finalement, on vieillit tous bien), et, peut-être plus important, d’admettre qu’un groupe chéri durant l’adolescence est capable d’accompagner les étapes de la vie adulte. Il ne s’agissait pas tant d’un live que d’une thérapie personnelle.

Photos : Jérôme Sevrette

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