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Dire que je suis un fan de football serait un euphémisme, et je vois tout de suite l’intelligentsia bien pensante française ricaner en disant qu’euphémisme est un mot trop gros et trop compliqué pour la grande majorité des fans de ce sport universel.

Il faut dire qu’en France on a toujours accumulé les pires obstacles, n’arrivant que rarement à créer une passerelle entre culture avec un grand C et football. Jamais dans l’imaginaire français un footballeur n’a suscité un possible roman, et quand un d’eux à la faculté de peindre ou d’écrire, il est monté tellement haut que la lucidité entrainera une descente vertigineuse.

La coupe du Monde est le climax de ce sport. Tous les 4 ans, les meilleures équipes du monde, enfin quasiment tout le monde depuis son élargissement à des fins télévisuelles s’affrontent pour soulever la coupe du monde, objet doré remplaçant en 1974 la sublime coupe Jules Rimet, définitivement coulée dans le cœur des Brésiliens.

Pour cette fête des nations autour d’un ballon et encerclé par Visa Coca Cola ou Ford, les pays se lancent dans la fabrication d’une chanson, comme un concours mondial de la chanson, où là à la fin se sont les Anglais qui gagnent, contrairement au foot où ce sont les Allemands. Car les groupes anglais « indés » n’ont jamais rechigné à signer l’hymne de l’équipe nationale. New Order et consort nous mettaient la misère, car pendant ce temps là, Denis Fabre, Jean Pierre Foucault, Carlos, Thierry Rolland et dernière Jojo Hallyday ridiculisaient la France et celle du football, avec en plus pour certains la double peine d’une campagne sportive au mieux pleine de mérite (1978) au pire désastreuse (2010).

Pour moi la coupe du monde commencera une fin d’après-midi avec un poster Bata de l’équipe de France, une arrivée in extremis à la maison et la joie irréelle de voir sur la télé noir et blanc la France marquer contre l’Italie en moins de 30 secondes. Nous étions en 1978, le match contre l’Argentine sera trop tard pour que je puisse le regarder, mais que je regarderais grâce à un système de glace imaginé par mon frère et enfin le match contre la Hongrie nous bernera en ridicule avec des maillots locaux sans coqs.

C’est en 1982 que je vais devenir dingue, l’avènement de la plus équipe de France de tous les temps. Une demi-finale au pied des pyrènes sur une petite télé couleur, un chagrin encore présent, et une fracture avec les casques à pointe (Coucou Michelle Soulier) qui grandira en 1986 au Mexique, entrainant chez moi une sauvagerie plus bestiale le temps des confrontations au collège entre la France et les correspondants allemands.

Cet amour du foot ne s’est jamais véritablement tari, même si les émotions sont moins prégnantes, et que si je regarde une image Panini de Marcel Desailly ou de Zinedine Zidane avec un petit sourire, je pleure et je vibre en sortant celles de Gerard Janvion, Christian Lopez, Maxime Bossis ou Patrick Battiston. Le frisson n’est plus là, comme si le foot était mort un soir de 1982 ou de 1986, par ce suicide des romantiques au profit d’une ambition certes gagnante, mais au combien pauvre pour la peau.

Alors à défaut de retrouver celui-ci, je vais enfin pouvoir installer la France en haut du Gotha de la musique spéciale coupe du monde, et cela grâce à l’excellent label WeWant2Wecord.

Ici pas d’hymne pour montrer ses muscles ou sa connerie (parfois lié surtout chez l’ignoble équipe allemande en 1982 et son hideux Hrubesch). Si nous ne sommes pas là que pour rigoler, la décontraction est quand même le maitre mot de cette compilation, avec du sexe (quoique) de la drogue (il en aura fallu pour écrire certains de ces titres) et évidemment du football (Xavier Boyer), plus celui des srhots moulants, que celui du design mercantile des équipements actuels, plus Maradona 82 ou 86, Kempes 78, Cruyff 74 que Ronaldo 2002 ou Guivarch 98. Le son des stades est là, comme un chant sans code se baladant sur une pelouse entre pixels, plastique et divagation electropsychadélico (Veik).

Dans un esprit DIY et sarcastique (Pastoral Division) tout le Magic Circus médiatique passe à la moulinette, avec à la fois le taille-haie dans une main et dans l’autre le nécessaire de polissage (sic), car au final, ici ce n’est pas du fanatisme, mais un amour immodéré d’une certaine idée du foot, sans les stats, les 36 caméras et les débriefings façon retour dans l’atmosphère d’une navette spatiale (Top Montagne " trotskiste nautique). Sur la seconde partie les jambes seront lourdes, car en dépit de chansons sympathiques, en bon footeux la barrière de la langue m’empêche de profiter au mieux de l’ambiance que nous retrouverons avec Plage Jeunesse, sorte de chanson que nous prendrions pour illustrer un résumé du Brésil Italie de 1982 et du festival de Paulo Rossi. Comme une possible ode à la supposée bêtise des footeux, Sophomore se projette dans la coupe du monde de cette année, résumant tout par les pieds et le ballon, car l’esprit lui sera avantageusement occupé à se délecter de l’ensemble de cette compilation championne du Monde.

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