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J’ai mis du temps, le temps d’une enfance a l’adolescence, plus ou moins, en sachant que mon adolescence a du mal a devenir maturité, un temps fou, un temps merveilleux, a accepter le fait que seul le son est eternel, le reste, retournera en poussière. J’ai mis sur cette thèse une date de début, 1986, et je pensais y avoir mis une date, quoique flou, a la fin de ma quête, il y a une dizaine d’année, oh rien de fixe, tant et si bien, que je découvre aujourd’hui qu’il faut que je reparte sur les chemins de l’éternité, car rien n’a été dicté, rien ne s’est achevé, mon passage sur le dos des musiques est un ruban de Moebius, et où je croyais avoir perforé la vérité, vient de se créer un autre chapitre. Chapitre nouveau, donc, la suite a ce Chapter IV qui m’avait donc, en 1986, ouvert le monde a la beauté du gel, me disant que non seulement l’innocence est belle, sinon que la folie est magnifique, et m’avait nourri l’âme de ces engelures par où s’infiltre la vraie poésie de nos vies, ce "Last song" dont les entrailles m’ont enlacés durant des heures et des heures, a des jours de distances, a perte de vue, ce Saturne dévorant son fils qui a hanté chaque infime liesse comme si un clown triste fermait les volets en plein jour, c’était il y a 32 ans, c’est encore, cela stagne comme un plaisir, je vous le redis, l’unique éternité est un son, il se fera entendre dans les premiers et ultimes instants, comme une respiration assistée après le décès, ce souvenir d’un rire, le son reste a jamais, celui-ci, en particulier a été, est et sera, art. J’ai mis du temps, au-delà du mesquin petit chiffre qui ne scande pas assez son futur illimité, jusqu’a arriver a ce point de non retour d’une passion, celle même qui naquit sur la découverte de " La fête triste" et se rependit sur mes gestes et pensées le long de toutes ces années sous formes de musiques, avec pour symptômes des chairs de poules et pour conséquences cette maladive manière de voir la vie sous une autre lumière, le don de déformer, part de la création, infime part de réalité, et le pouvoir d’y poser mes mots, la jouissance d’être un geste du procédé. L’éternité est un son, une jouvence qui revient chaque décade, chaque 32 ans, et si au jour d’aujourd’hui je vous parle d’il y a des années, c’est parce que j’ai eu la chance d’y retourner. Trisomie 21 a des chapitres pour chacune de mes étapes, et où je les avais perdu d’ouïe, je les retrouve de cœur, fascinants comme toujours et jamais. Trisomie, l’esprit qui habite les machines, continue a planter ses seringues de froides vagues direct aux veines, avec cet ampleur d’hymnes de déchus, avec cette profondeur de tombeaux pour dieux, et l’archange d’avoir toujours et jamais cette voix de Philippe, incertaine, de plaie onirique, de malaise messianique, qui se marie comme fiel de merle aux steppes de neiges noires, qui s’étale comme nitroglycérine sur les accords rythmiques, hypnotiques, jusqu’à en perdre toute notion de temps, jusqu’à en vivre l’éternité de chaque seconde, son a son, l’éternité est un son. 32 ans et des foutaises, quand on se rend compte que la poétique que l’on cherchait en bousculant l’âme d’un groupuscule a l’autre, n’a jamais été ailleurs que là dans ces insectes, microbes détaillistes qui giclent ça-et-là sous les doigts d’Hervé, nous sucent le bonheur du bord du rictus, nous ébouriffent les nerfs, le solfège de ces mondes de désirs, de vices, d’obscurs objets, de ces choses inexistantes qui peuplent nos existences, j’ai connu ces lieux dépravés tant ils étaient luxueux, j’a connu ces phrases tant tranchantes tant elles n’étaient qu’âmes, je les reconnais comme je reconnais cette peau d’adolescent qui m’habille a l’instant précis de leur son, Ô, ils sont eternels, alléluia, ils sont eternels, et me rendent infini.




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