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C’est avec un mélange de joie et d’appréhension (et de fatigue, mais c’est un autre sujet) qu’on arrive à Vendôme en ce jeudi 25 octobre : l’appréhension qui nous fait nous demander si les découvertes compenseront l’absence de groupes qui nous font vraiment vibrer. Pour l’heure, laissons-nous porter.

Il fait encore chaud, on ne comprend plus rien au temps qui nous amène pile-poil à l’heure au 102, café-brocante, lieu assez improbable mélangeant un bar classique et une sélection de babioles vintage à vendre, pour assister au concert filmé de Veence Hanao x Le Motel par What Comes Around Goes Around.

Le MC belge avait dû arrêter la musique plusieurs années suite à des problèmes d’acouphènes. Il revient ici avec Le Motel aux machines pour nous parler/chantonner d’une voix douce de la vie, et d’histoires d’amour surtout. Avec des paroles qui restent en tête, "la joie ça ne sert à rien dans la jungle" (La jungle). Il joue aussi Lexomil, 1er morceau qu’il a composé suite à son arrêt de 4 ans. On reconnaît la maitrise des ambiances, traitées de main de maitre par Le Motel, et une belle présence de Veence, même si les textes ne nous touchent pas plus que ça.

Un mal de tête persistant nous oblige à faire une pause à l’écart, afin de repartir plus vaillant à l’assaut de la 1ère soirée à la Chapelle Saint Jacques. Elle attaque avec le très jeune Lauren Auder, tout de blanc vêtu, col en dentelle, longs cheveux blonds ondulés, les pieds nus. Anglais installé en France depuis longtemps, son visage d’ange et ses mouvements amples introduisent la messe gothique (les ongles vernis noir) à grands coups de nappes de cordes et rythmiques électro peu appuyées, sur lesquelles un musicien joue de façon très appliquée d’un clavier ou d’une guitare selon les titres. Le chant s’envole au-dessus, et plane tel un souffle fort et fragile à la fois. Ça manque encore un peu de maturité côté musique pour être complètement envoûtant, mais c’est mignon et tout doux pour une entrée en matière.

Le duo electro-pop Coals (Pologne) ayant déclaré forfait, un des membres étant malade, il est remplacé au pied levé par Moon Gogo qui a déjà joué pour la soirée d’ouverture du festival le samedi 20 octobre. On y retrouve E’Joung-Ju que l’on avait vu il y a 10 ans dans nos contrées, alors en solo, où nous découvrions les sonorités inédites et profondes de l’instrument traditionnel coréen nommé geomungo. Elle joue au sein de ce duo avec Federico Pellegrini, ex-Little Rabbits qui officie à la voix, à la guitare ou au clavier. Leur rencontre semble naturelle, tant l’alliance de la voix de ce dernier, parfois simplement accompagnée de bandes ou de boucles et de l’instrument coréen est évidente à l’écoute. On se laisse complètement embarquer dans les différents morceaux qu’ils déroulent avec un plaisir évident (des sourires complices), certains prenant le chemin d’une transe folk réinventée, avec montée en tension, rythmique s’accélérant. La claque de la soirée.

On avait déjà croisé les 3 suisses de Mister Milano au détour d’un concert à Nevers et l’impression était alors mitigée. L’occasion de revoir notre copie ? Quoi qu’il en soit, on rentre cette fois plus facilement dans le concert. Leur musique a la particularité de ne comporter aucune guitare, les sons (parfois) saturées étant assurés par des claviers. Le batteur, accompagné d’un séquenceur qu’il lance, supporte les morceaux chantés en… italien. On ne s’appelle pas "Milano" par hasard. Passé la surprise (Eros Ramazotti sort de ce corps !), on se laisse aller sur leur post-pop étrange, avec des tourneries répétitives et entêtantes.

Le groupe BRNS termine la soirée. C’est déjà la 3e fois qu’ils jouent ici, ce sont désormais des habitués des lieux. On les retrouvera d’ailleurs le samedi pour un projet commun avec Ropoporose, mais n’allons pas trop vite. Leur disposition sur scène est particulière : ils forment comme un demi-cercle, le guitariste à jardin, face au batteur à cour, tandis que la clavier et le bassiste se trouvent face au public. On avait déjà entendu quelques morceaux de-ci de-là, mais rien qui nous avait capté l’attention. C’est donc avec une oreille neuve qu’on découvre le groupe, et malgré un son et une maitrise technique sans faute, leur musique difficile à classer (math-pop ?), se révèle très écrite et un peu trop cérébrale pour nous, saturée de sons (les claviers, notamment) remplissant l’air, et nous laisse finalement en dehors. Ça n’est pas le cas de la majorité du public visiblement ravi du concert.

Comme chaque année, Magnetic & Friends passe des disques avec bon goût entre les différents groupes pour chaque soirée. Discret et efficace pour garder le public en alerte et pas trop loin du bar, le nerf de la guerre. On a retrouvé bien vite nos marques sur cette nouvelle édition, dans cette ambiance teintée de douceur qui fait du bien, où l’on prend le temps d’écouter et découvrir de nouvelles musiques.

Photos FLK sauf Veence Hanao x Le Motel PAR




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