Pour entrer dans l’univers de la formation portugaise menée par le duo Carolina Brandão et Carlos De Jesus, il faut accepter leurs visions et une certaine désobéissance aux lois du rock et aux codes de la pop. Savoir épouser les bifurcations harmoniques, les contre-pieds rythmiques et les digressions soniques sera assurément un plus.

Ourdi dans la région de Porto - en studio et chez eux - Endless Voyage est d’une autre trempe que ses deux prédécesseurs. Album-concept revendiqué en tant que tel ce Lp est, disons ... ardu. Dans le sens où il réclame une attention sans faille. C’est qu’il faut les suivre les lascars !

Dissonante et cabossée, étrange et bordélique, la musique des Sunflowers parait constamment étreinte entre plusieurs états d’âme : toujours sur le qui-vive elle décampe dès qu’une ambiance apaisée semble vouloir s’installer trop durablement. Ainsi, le confort d’une envolée lyrique y est charcuté pour finir en embardée électrique, une amorce blues prend dans le cornet mille décharges synthétiques. Tout ça dans un rocambolesque carnaval sci-fi électro-psychédélique.

Mais malgré toutes ces sautes d’humeur, aucun titre ne sombre dans la confusion, finissant toujours par nous embarquer. Car derrière ce soit disant foutoir, l’espace sonore de ce "Voyage Sans Fin" est réfléchi au plus haut point. Et organisé suivant un scenario sensoriel bien précis. Aussi, dès l’épilogue éteint, c’est simplement une envie dingue de replonger dans cette histoire qui prend le dessus : un peu comme lorsqu’il faut sortir, encore troublé, le cerveau bien collé, de la salle à la fin d’un film bien barré. Un Jodorowsky, tiens ! Ni plus ni moins ...